Lettre à M. Yvon Bureau
Pour faire suite aux propos de M. Yvon Bureau, publiés dans l’Hebdo Régional du 8 juin, je veux émettre mon point de vue sur ses affirmations que je respecte; mais que je ne partage pas.
Vous affirmez : «qu’il n’y a aucune dignité à rester en vie quand on est malade…» Pour un croyant en Dieu-Amour révélé par Jésus Christ, la dignité d’un être humain vient du fait qu’il est «créé à l’image et selon la ressemblance de Dieu» Gn 1, 26; même si, «en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.» 2Co 4, 16. Voilà pourquoi nous devons respecter toute personne humaine du début de sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Depuis quand est-il permis à un être humain d’enlever la vie à un autre être humain?
Quel est donc ce «libre-choix de terminer sa vie»? Lorsqu’une personne est malade, elle devient vulnérable et influençable. Est-il acceptable que l’entourage d’un malade puisse l’inciter à mettre un terme à sa vie? Le médecin se doit de favoriser la vie de son patient et non de lui donner la mort. Il est dommage que la loi impose des rôles contradictoires aux médecins. En dernier recours, les soins palliatifs soulagent de la souffrance la personne malade. En certains cas, la sédation palliative peut être utilisée lorsque la douleur physique est incontrôlable.
Ces moments de fin de vie permettent souvent au patient de pardonner les écueils de son passé et d’affermir l’offrande de sa vie dans la confiance au Père.
C’est le devoir du gouvernement de protéger les plus vulnérables de la société et de faire respecter la vie de ses citoyens; sinon, qui décidera du choix d’enlever la vie? Qui décidera des conditions à la mort et des conséquences sur les bonnes relations entre citoyens?
Jésus laissait-il vraiment «les gens libres de leur choix? Il a plutôt proposé la vie en se détournant du péché :
– À la femme adultère que le peuple voulait lapider, Jésus renvoie chacun à sa conscience et dit à la femme : «va, et désormais ne pèche plus» Jn 8, 11. Ainsi, Jésus propose un plus dans sa vie : celle d’une relation renouvelée avec Dieu : véritable vie qui a de l’avenir.
– Jésus se compare au berger qui va à la recherche de sa brebis égarée. Et quand il l’a retrouvé, elle devient sa joie comme pour un pécheur qui se convertit. Voir Lc 15, 4-7. Être en communion avec «Dieu-Amour» c’est le but qui comble toute vie humaine. Qu’on le découvre au début de notre vie; à sa mi-temps ou à la toute fin; peu importe! L’important, c’est l’Amour, qui lui, ne passera jamais.
Nous avons la responsabilité de vivre notre présent dans le respect de la vie : la nôtre et celle des autres. En décriminalisant l’euthanasie (ou en permettant le suicide assister), nous nous éloignons collectivement de la dignité due aux personnes humaines et nous ouvrons large la porte à des abus de toute sorte : manipulations et pressions de l’entourage du malade pour en finir avec sa vie; désir d’héritage de ses proches ou besoin d’équilibrer le budget du gouvernement. La précarité de la personne malade n’enlève en rien sa dignité d’enfant de Dieu.
Qui sait si dans quelques années, on ne regrettera pas le choix d’avoir décriminalisé l’euthanasie comme nos gouvernants le font actuellement? En fuyant nos responsabilités collectives, ce sont de nombreuses personnes qui vont en souffrir.
Pour un monde meilleur: Gilles Cloutier, Saint-Jules-de-Beauce