Industrie des effets visuels: le Québec reste compétitif, selon le ministre Girard

MONTRÉAL — Le ministre québécois des Finances, Eric Girard, continue de défendre le changement fiscal concernant le secteur des effets visuels et de l’animation. Il estime que Montréal n’a pas besoin du crédit d’impôt «le plus généreux au monde» et que «les meilleurs vont survivre».

Au dernier budget en mars, le gouvernement Legault a annoncé un plafond de 65 % sur les dépenses admissibles au crédit d’impôt pour les services de production cinématographique. La mesure est entrée en vigueur le 31 mai.

Une pétition de plus de 12 000 signatures demandant de suspendre les modifications apportées au crédit d’impôt a été déposée ce mois-ci par le Parti québécois à l’Assemblée nationale. Il est évoqué que ce changement fiscal met à risque de nombreux emplois de l’industrie des effets visuels et de l’animation, qui génère d’importantes retombées économiques.

De passage devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), vendredi, le ministre Girard a expliqué pourquoi le gouvernement avait décidé de couper dans ce programme, alors qu’il était questionné à ce sujet par le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.

«Je veux être très poli parce que les gens qui travaillent dans cette industrie-là, j’ai énormément de respect pour eux. Mais il y avait des enjeux d’intégrité avec le crédit d’impôt. Pas avec l’intégrité des gens qui travaillent dans cette industrie-là. Mais il y a des compagnies américaines — parce que le crédit d’impôt va aux majors américains — qui utilisaient le crédit d’impôt d’une façon sous optimale, qui fait que le crédit d’impôt coûtait extrêmement cher en proportion des retombées», a répondu l’élu caquiste.

Aux yeux des signataires de la pétition, «les modifications apportées au crédit d’impôt disqualifient le Québec, qui perd sa place de pôle mondial, et le privent de contrats majeurs, au profit de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de l’Australie, de la France et du Royaume-Uni».

M. Girard semble plutôt croire que le Québec saura quand même tirer son épingle du jeu.

«Il n’est pas nécessaire que Montréal ait le crédit d’impôt le plus généreux au monde dans le domaine des effets visuels et effets spéciaux. On est compétitif avec l’Ontario et la Colombie-Britannique. Les meilleurs vont survivre et les enjeux d’intégrité sont terminés», a-t-il affirmé.

Le président et chef de la direction de la CCMM a mentionné au ministre que le nombre d’emplois dans le secteur était passé de 8000 à environ 3000. M. Girard a indiqué que ces pertes ont été causées par les grèves à Hollywood et l’intelligence artificielle, et non par la révision du crédit d’impôt.

Interpellé au sujet de la francisation

Le ministre des Finances était venu parler de sa mise à jour économique présentée la veille.

Tout près de l’entrée de la salle de conférence du centre-ville de Montréal, où il a prononcé son allocution, un groupe d’une vingtaine d’enseignants ont manifesté silencieusement pour dénoncer les coupes en francisation. Ils ont formé une ligne tenant chacun à la main une affiche avec le message «Stop au démantèlement de la francisation».

Questionné par M. Leblanc, le ministre a soutenu que les budgets de Francisation Québec sont en hausse de 15 % et que la demande a explosé.

«Nous sommes le gouvernement qui a donné accès aux résidents non permanents aux cours de Francisation Québec. On a ajouté potentiellement 600 000 personnes pour suivre des cours. Pour l’immigration permanente, on a rehaussé les critères de français. Donc, il y a plus d’intérêt à suivre des cours de français», a-t-il affirmé.

Selon lui, «clairement, étant donné la demande, on aurait dû en faire plus, ce qui veut dire en faire moins ailleurs parce qu’il n’y a pas plus d’argent» dans les coffres du gouvernement.

«Il est possible que dans les années futures, il faudra plus de cours de francisation et un peu moins d’autres choses. Puis, il est possible qu’on n’a pas trouvé le bon équilibre», a-t-il poursuivi.

D’autres manifestants ont interrompu le début du discours de M. Girard en scandant des slogans, avant d’être rapidement expulsés de la salle. «Les inégalités se creusent. La pauvreté se creuse aussi», a notamment crié l’une des manifestantes.

Le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec ainsi que l’organisme Ex aequo ont dit être derrière ce «coup d’éclat pour le filet social».