Coupe forestière : séance houleuse au conseil de Saint-Simon-les-Mines

Une dizaine de citoyens étaient présents, le mardi 2 juillet, à la séance du conseil municipal de Saint-Simon-les-Mines, pour questionner les élus sur leur gestion d’un lot boisé à très haute valeur écologique.

Selon l’ordre du jour, les élus devaient adopter l’octroi d’un contrat pour inventorier et géolocaliser les nids de grands pics et de grands hérons sur le lot 3 629 429. Cette géolocalisation est une exigence d’Environnement Canada, dans l’éventualité où la Municipalité reprend la coupe de bois.

Toutefois, le point a été reporté, car le conseil tiendra une consultation publique en septembre pour entendre ses citoyens, avant de prendre une décision quant à la reprise des travaux forestiers. « Nous écouterons les citoyens. À ce moment-ci, nous n’avons pas grand chose à ajouter par rapport à ce sujet », a indiqué le maire, André Lapointe.

Sur ce point, Manon Caron s’inquiète de l’utilité de la démarche. « Est-ce que nos voix vont servir à quelque chose », a-t-elle demandé. « Je n’ai pas la réponse. J’aimerais que ça apporte quelque chose. On veut que ça apporte quelque chose. Et surtout, on ne veut pas que ça apporte de la chicane. Le terrain n’est pas à moi, il est à la Municipalité. Les sous, ce n’est pas moi qui en ai besoin, c’est la Municipalité », a-t-il répliqué.

Ce dernier se questionne sur l’opinion de la population en général. « Lors de la réunion, ne vous attendez pas à être les seuls, il y aura sûrement d’autres avis », a-t-il poursuivi.

Argent public et aire protégée

Toujours lors de la période de questions, le secrétaire-trésorier de l’Association pour la protection des milieux humides de la Cumberland, Denis Bolduc, s’est questionné sur la pertinence de dépenser de l’argent public ainsi, alors que l’Association et Capitale Nature ont fourni deux études, réalisées par Nature-Action Québec et la biologiste Mireille Poulin, sur les oiseaux et la faune de manière générale qui habitent le secteur. 

M. Lapointe lui a répondu qu’il s’agissait d’une exigence d’Environnement Canada dans l’éventualité où la Municipalité reprenait la coupe. « Environnement Canada ne nous a absolument pas défendu de continuer les travaux. On nous a seulement dit d’attendre à la mi-août pour laisser le temps aux oiseaux de se refaire un nid, si nous en avions défaits avec la première coupe », a-t-il affirmé.

Militante de Mères au front, un groupe travaillant à la préservation de l’environnement et la biodiversité, Hélène Lespérence a rappelé au conseil qu’une résolution avait été adoptée en octobre 2021 pour appuyer la création d’une aire protégée, sur le terrain dont il est question. Cette résolution concernait une éventuelle vente du terrain à Capitale Nature. Elle avait été proposée par M. Lapointe, alors conseiller, et appuyé par un autre conseiller toujours membre du conseil, Jean-Yves Busque. 

Le maire a soutenu avoir toujours collaboré à ce sujet, mais qu’il y a pas eu de discussions depuis la résolution jusqu’à tout récemment, avouant au passage que les membres du conseil avaient oublié cette résolution. M. Lapointe a ajouté que Capitale Nature avait un intérêt à l’acheter. 

Après les différentes réponses données par la Municipalité, M. Bolduc est revenu au micro. « Notre but n’est pas non plus de créer une chicane, mais selon les réactions et les réponses que nous avons parfois, nous avons l’impression que la biodiversité n’est pas une priorité et la protection de cette propriété passe carrément par-dessus la tête de certaines personnes », a-t-il commenté, en demandant entre autres s’il y avait eu des changements quant à la prescription que la Municipalité avait reçue de l’Association des propriétaires des boisés de la Beauce (APBB) et si l’APBB avait toutes les informations pertinentes pour faire cette prescription, ce à quoi on lui a répondu de faire une demande d’accès à l’information.

Récapitulatif

Rappelons que vers la fin du mois de mai, la Municipalité avait entrepris une coupe de régénération sur ce terrain, qui lui avait été cédé par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles en 2016. L’acte notarié stipule, entre autres, qu’il ne peut être utilisé à d’autres fins que comme parc municipal ou espace vert, et qu’il ne peut être vendu sans l’autorisation du ministère pendant une période de 30 ans.

Pour le conseil, la coupe prévue n’allait pas en contradiction avec l’entente ni avec l’aménagement d’un parc ou un espace vert. Elle espérait tirer 100 000 $ de la vente de bois. « Nous ne faisions pas cela pour faire du mal, mais pour le bien de la Municipalité », a assuré M. Lapointe, en précisant que si les travaux reprenaient après la consultation, ils ne seraient pas aussi agressifs.

Le début des travaux forestiers ont permis d’enregistrer des profits d’environ 11 000 $ jusqu’à présent. La coupe avait été arrêtée le 27 mai, après que Saint-Simon-les-Mines ait reçu un avis d’Environnement Canada qu’elle enfreignait la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs.