Résidences pour aînés : modèles insoutenables en réglementation et offres de services 

Dans un rapport publié le 27 mai, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) conclut que le modèle québécois des résidences pour aînés (RPA) nécessite d’importants changements.

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Le modèle coopératif à la rescousse 

D’entrée de jeu, les chercheurs notent un déclin marqué du nombre de petites RPA depuis dix ans. Ils confirment des diminutions pour les RPA de 29 unités et moins (- 52 %), 30 à 49 unités (- 24 %) et 50 à 99 unités (- 8 %). Une croissance est enregistrée pour les RPA de 100 à 199 unités (7 %) et les 200 unités et plus (49 %).

« La Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS) instaure, à l’égard des RPA, un régime de certification qui lui est propre. Ce régime s’applique sans égard à la vocation de la RPA. […] Nous pourrions nous interroger sur la raison de l’intervention du MSSS (ministère de la Santé et des Services sociaux) relativement aux RPA qui n’ont pour personnes résidentes que des personnes autonomes. L’intervention de normes provenant du secteur de l’habitation serait plus logique », souligne le rapport.

Le CIRANO considère les RPA comme des milieux de vie privés, au même titre que les condominiums avec des services ou installations communes. La qualité de vie des résidents serait fortement affectée par le manque de places en CHSLD et en RI (Ressources intermédiaires).

« Les RPA se retrouvent avec des personnes en grande perte d’autonomie devant résider dans des milieux non adaptés à leurs besoins. […] En plus des éléments législatifs appliqués par le MSSS, les gestionnaires de RPA doivent observer les normes et exigences d’autres ministères et organismes étatiques, notamment ceux de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, du Tribunal administratif du logement, de la Régie du bâtiment, etc. », précisent les auteurs du document.

Finances et main-d’œuvre

La question financière est une préoccupation commune pour l’ensemble des gestionnaires, mais davantage chez les petites RPA. Celles-ci proposent en majorité des forfaits où le loyer inclut le repas et les services. Les grandes résidences misent sur le concept à la carte, avec un loyer mensuel accompagné de diverses options.

« Le modèle tout inclus ne permet pas aux gestionnaires de petites RPA de charger plus cher pour l’octroi de plus de services, sans qu’une entente de modification de bail intervienne préalablement. […] Dans un scénario ou plusieurs personnes ainées requièrent soudainement davantage de soins et services, les gestionnaires doivent engager plus de ressources humaines et financières pour combler de tels besoins, sans pour autant recevoir des sommes supplémentaires des personnes résidentes », soulignent les chercheurs.

Comme ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre touche sévèrement le secteur des RPA, surtout les postes infirmiers, les préposés aux bénéficiaires et les services d’assistance personnelle.

« Les petites RPA semblent plus touchées en raison de leur situation géographique et leurs ressources financières limitées, qui compliquent la rétention du personnel avec des conditions attrayantes », est-il mentionné.

Pistes de solutions

Le CIRANO avance quelques pistes de solutions pour améliorer la vie de nos aînés en RPA. L’adaptation des normes en fonction du type de résidence, une collaboration fluide et accrue avec les établissements de santé, ainsi que le financement de RPA à but non lucratif en fait partie.

« Il est indéniable que le modèle réglementaire et celui d’offre de services actuels sont insoutenables si nous souhaitons, comme société, poursuivre l’offre de logements et de services à domicile abordables dédiée aux personnes aînées, qui ne souhaitent plus avoir la charge d’une maison, tout en conservant un domicile non institutionnalisé dispensant des services de proximité », concluent les auteurs de l’étude disponible gratuitement et intégralement sur cirano.qc.ca.