Manifestation contre les coupes en francisation 

ÉDUCATION. Des enseignants en francisation du Centre d’éducation des adultes Mgr-Beaudoin, à Saint-Georges, manifestaient le 20 novembre devant le bureau du député de Beauce-Sud, Samuel Poulin. Ils dénonçaient le démantèlement des cours aux adultes, un mouvement touchant l’ensemble des centres de services scolaire.

« Nous disons au gouvernement que sa décision de fermer la francisation au Québec, ça n’a pas de sens. Juste ici, au Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE), c’est 1468 élèves adultes qui n’ont plus accès aux services en francisation. Il n’y a aucune solution de rechange à court terme », dit Dominic Loubier, président du Syndicat de l’enseignement de la Chaudière (SEC-CSQ). 

Aux prises avec des contraintes budgétaires, le CSSBE n’avait pas ouvert de nouvelles inscriptions en francisation cet automne. Malgré cela, l’ensemble des cours s’est terminé le 12 novembre pour tous les élèves. 

Le ministère de l’Éducation exigeait le non-dépassement du financement consacré à la francisation établi en 2020-2021. Le nombre d’immigrants a grimpé considérablement dans la Beauce et les Etchemins depuis ce temps. Dans un changement de cap politique, les inscriptions passaient maintenant par le guichet unique de Francisation Québec, sous la juridiction du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), au lieu du CSSBE. 

« Francisation Québec n’a pas les locaux et le personnel, alors que le CSSBE possède tout ce qu’il faut pour enseigner le français depuis plusieurs années. […] Le budget était peut-être épuisé, mais les besoins sont toujours là », affirme M. Loubier, déplorant que les élèves se retrouvent sur de longues listes d’attente pour obtenir ce service jugé essentiel. 

Des élèves en pleurs 

Depuis dix ans, Éric Nadeau enseignait aux immigrants. Titulaire d’un baccalauréat en enseignement du français, il a travaillé dans des points de service à Saint-Georges, La Guadeloupe, Sainte-Justine et Saint-Cyprien. 

« Immigrer, c’est un énorme sacrifice et un projet de vie. La langue, c’est la clé pour s’intégrer au travail et dans la communauté. […] Les immigrants veulent contribuer au développement de notre société par l’apprentissage du français. C’est valorisant pour un enseignant », mentionne ce dernier. 

Éric Nadeau a été témoin de situations troublantes avec la fin des cours. « On voyait les élèves pleurer et exprimer leur détresse. Pour plusieurs, la francisation (cours), c’est leur repère. C’est là qu’ils vont poser leurs questions, parler des problèmes qu’ils vivent et essayer de comprendre la culture », confirme-t-il.

Ces compressions représentent aussi une perte potentielle de 40 emplois en cours d’année. « La direction du CSSBE était avec nous jusqu’à la fin. On sait qu’elle croit à la francisation », indique M. Nadeau. 

Capacité atteinte 

En réponse à cette manifestation, Samuel Poulin souligne que la Beauce a atteint sa capacité maximale en immigration. Il n’écarte pas l’ajout de sommes supplémentaires lorsque la situation reviendra à la normale. 

« Le budget alloué à la francisation est le même que l’année dernière et il fut dépassé avec l’arrivée importante de nouveaux arrivants. […] Il faut respecter la capacité de payer de tous les Québécois. Nous recevons de nombreuses demandes financières pour les salaires des professionnels, les services aux enfants et aux élèves, les services de santé, le renouvellement des infrastructures et les organismes communautaires. Il faut avoir une approche responsable avec les fonds publics », conclut le député de Beauce-Sud.