Élections françaises 2024 : un pays fracturé à l’avenir incertain 

Nos cousins français vivent de grandes émotions à la suite de leurs élections législatives. Antoine Mazot-Oudin, enseignant en sciences politiques au Cégep Beauce-Appalaches, a confié ses impressions au journal.  

Le Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite, terminait en tête du premier tour le 30 juin. « Le RN possédait une dynamique favorable après les législatives européennes. Ce parti est allé chercher les classes populaires et ouvrières au-delà de ses bastions naturels », explique M. Mazot-Oudin. 

Une semaine plus tard au second tour, le Nouveau Front populaire (NFP), une coalition des partis de gauche, a obtenu le premier rang (178 sièges). La coalition présidentielle, Ensemble pour la République, est arrivée en deuxième place avec 150 sièges. Le RN a terminé troisième avec un total de 125 sièges. Les places restantes (124) se répartissent en 12 formations politiques. 

« Ce sont des résultats largement surprenants, où le jeu des alliances évitait la division du vote. Plusieurs candidats se sont désistés pour faire barrage à l’extrême droite, qui misait sur le principe de préférence nationale. Le thème de l’immigration revenait souvent dans leurs politiques », précise l’enseignant.

Comme 289 sièges sur 577 sont nécessaires pour former un gouvernement majoritaire, le NFP devra s’entendre avec d’autres partis afin de diriger la France. Ce front est déjà composé de multiples formations politiques, comme le Parti socialiste, les Écologistes, le Parti communiste et La France Insoumise (LFI). 

« Le cadre français est peu propice aux coalitions gouvernementales. Il y a des courants fortement opposés dans le NFP. La France risque de traverser une période incertaine et il est impossible de déclencher de nouvelles élections avant un an », rappelle Antoine Mazot-Oudin, citant l’Article 12 de la Constitution française.

Une trêve olympique ?

Les élus français siégeront à leur première session parlementaire du 18 juillet au 2 août. Ils devront notamment élire le président de l’Assemblée nationale, répartir divers postes et choisir les présidents de commissions parlementaires. 

Avant sa dissolution, l’assemblée prévoyait suspendre ses travaux le 12 juillet, en raison des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et des Jeux paralympiques de Paris (28 août au 8 septembre).  

La tradition d’une trêve olympique, relancée par le Comité international olympique (CIO), se traduit par l’abstention des conflits pouvant perturber les Jeux ou compromettre leur déroulement. 

Nos cousins français respecteront-ils cette tradition ? Antoine Mazot-Oudin n’en est pas certain. « La France a vécu des mouvements sociaux majeurs, comme les Gilets jaunes et celui de la réforme des retraites. Cela a amené d’importantes émeutes », indique celui-ci, ajoutant qu’il suivra avec intérêt l’élection présidentielle, en 2027, où Emmanuel Macron aura atteint sa limite de deux mandats consécutifs.