Du javelot au bras de fer

Le Georgien Christian Gilbert fait du tir au poignet depuis plus de 20 ans. Il se déplace partout au Canada et aux États-Unis pour prendre part à des compétitions. Il a terminé en troisième place au Championnat Canadien de Tir au poignet de 2024, qui s’est tenu à Gatineau à la fin juin, dans la catégorie 110 kg et plus.

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« Je me suis classé dans les trois premières places plusieurs fois lors de tournois provinciaux, mais c’est la première fois que je gagne une médaille et monte sur le podium lors d’un championnat canadien », lance fièrement M. Gilbert, un briqueteur-maçon de métier qui vit à Québec depuis 2003.

Avant de se lancer dans le tir au poignet, Christian Gilbert a été un athlète au tir du javelot. Il s’est démarqué sur le sol québécois et canadien dans les années 1990, en atteignant des records. Une douleur au dos, à la suite d’un entraînement en Californie, l’a forcé à quitter cette discipline pour se tourner vers l’autre.

« Au secondaire, sur l’heure du dîner, une femme était venue faire une démonstration, Liane Dufresne, une ancienne championne mondiale de tir au poignet. À partir de cet instant, j’ai développé une deuxième passion et je n’ai jamais arrêté. J’ai toujours été assidu à cette discipline », souligne l’homme de 49 ans, originaire de Saint-Georges.

Persévérance et orgueil

« Au javelot, le lancer était naturel chez moi. À cinq ans, je lançais déjà des ballons de football, alors ça n’a pas été long pour moi d’atteindre des records, tandis qu’au bras de fer, ça m’a pris sept ans avant de me classer dans des compétitions amateurs. J’ai travaillé d’arrache-pied et j’ai dû persévérer et faire preuve d’orgueil pour y arriver. J’aurais pu abandonner maintes et maintes fois », confie le tireur beauceron qui fait partie d’une équipe à Québec. 

Avec les années, ce sport peu commun, qui existe pourtant depuis des décennies, a pris de l’expansion et des équipes se sont formées partout dans la province de Québec.

Il n’y a pas d’âge pour s’adonner au bras de fer. « Contrairement au javelot, tu peux performer à 50, 60 et 70 ans. Il y a des catégories pour les hommes, les femmes, les handicapés et il y a des catégories d’âge et de poids », indique M. Gilbert, qui précise que cela prend quatre ans à former un tireur professionnel.

De la stratégie et de la technique

Le bras de fer est un sport de force qui oppose deux adversaires. Chacun place un coude sur la table et saisit la main de l’autre. Le but est de faire toucher le dos de la main de l’adversaire à la table.

Le plus court temps que peut durer un duel au bras de fer est à peine d’une ou deux secondes et le plus long peut se rendre jusqu’à quatre minutes. Le tir au poignet n’est pas seulement une épreuve de force et de puissance, il y a de la stratégie et des techniques.

« C’est un entrainement spécifique pour le tir au poignet. Tout se passe sur la table. Il y a plusieurs techniques et ajustements. Dans mon cas, je fais des combats de longue durée – de quelques minutes – car je gagne beaucoup grâce à mon endurance », ajoute-t-il.

Lors d’un combat entre deux adversaires, deux arbitres sont positionnés de chaque côté de la table, donc impossible de tricher. Après deux fautes, par exemple le coude qui sort de l’espace attitré sur la table, c’est l’adversaire qui gagne automatiquement le combat. Un avertissement est donné lors d’un faux départ et si les mains sont glissantes, une courroie attache les deux mains des adversaires.

Avant les combats, il peut y avoir de l’agressivité ou de l’intimidation verbale volontaire dans le but de déconcerter l’adversaire, mais M. Gilbert assure que les athlètes du bras de fer se respectent entre eux et se serrent la main à la fin de chaque combat.

Christian Gilbert sera au Championnat du Monde de Bras de fer, qui aura lieu en Grèce, du 28 septembre et 7 octobre prochain.