Bourreau de la Beauce: la défense souhaite le libérer immédiatement
Les représentations sur la peine ont été entendues le jeudi 25 octobre dernier au Palais de Justice de Saint-Joseph, dans le dossier du Bourreau de la Beauce. Alors que la couronne demande 23 ans et demi de pénitencier (moins 4 ans et demi, soit 3 ans de détention provisoire à temps et demi), la défense suggère plutôt six ans de prison et de calculer la détention provisoire à temps double.
En premier lieu, le procureur de la couronne Nicolas Champoux a rappelé que l’homme de 64 ans a été reconnu coupable de 47 chefs d’accusation d’une gravité objective importante (voies de fait, voies de fait armées, menaces de mort et agressions sexuelles) sur 13 victimes. De plus, les crimes ont été perpétrés de manière fréquente pendant une longue période (de 1983 à 1996, ainsi qu’en 2000 et 2005).
Également, puisque 41 des chefs touchent des personnes âgées de moins de 18 ans alors qu’il était en situation de confiance ou d’autorité, M. Champoux a proposé au juge René De la Sablonnière de hautement tenir compte des critères de dénonciation, de dissuasion et de réprobation sociale. « Des facteurs atténuants, je n’en vois aucun », dit-il.
En réalisant l’exercice de donner une peine à chacun des chefs dont l’homme a été reconnu coupable, le total dépassait les 40 années de détention. Mais, en s’appuyant sur différentes causes, dont celle du Bourreau de Beaumont (38 chefs d’accusations sur sept victimes pour 22 ans d’incarcération), M. Champoux a revu sa proposition à la baisse.
Enfin, puisque l’homme a semblé selon lui se déresponsabiliser et banaliser les gestes posés, il souhaite que M. le juge dépose un avis de délinquant à contrôler. Ceci ferait en sorte qu’il n’aurait aucune possibilité de libération conditionnelle avant la moitié de sa peine (9 ans et demi).
La défense
L’avocat de la défense Stéphane Harvey a lui aussi mis en lumière différentes décisions du passé, « des cas plus lourds » que son client à ses dires, et dont les accusés ont reçu des peines de quatre ou cinq années derrière les barreaux.
Par ailleurs, l’âge avancé de son client, son enfance difficile, ses regrets qu’il croit sincères, sa stabilité sur le plan affectif (il vit avec la même femme depuis 23 ans) et le fait que les gestes ont été commis il y a longtemps sont des facteurs atténuants selon l’avocat.
Quant à l’avis de délinquant à contrôler, M. Harvey a mis en garde M. le juge d’utiliser cette mesure avec parcimonie, car elle ferait en sorte de punir son client en double. « Nous n’avons aucune preuve de risque élevé de récidive. […] Je ne prends habituellement pas ce genre de dossier, mais j’ai vu du bon en lui », a-t-il continué.
Dans un autre ordre d’idées, la défense a levé le voile sur les conditions de détentions difficiles de son client, à cause de son apnée du sommeil. Tellement qu’après une altercation (le contexte n’a pas été exposé) avec l’auteur de la tuerie de la mosquée de Québec Alexandre Bissonnette, le directeur de la prison a décidé de raccourcir son temps en confinement de cinq à trois jours. « C’est plus dur pour lui de purger sa peine », d’affirmer Me Harvey, désireux que les trois ans de détention provisoire comptent pour six années complètes.
Après 37 apparitions de l’homme à la cour depuis son arrestation à l’automne 2015, le juge René De la Sablonnière a maintenant tous les éléments en main pour prendre sa décision. Il rendra son verdict le jeudi 29 novembre prochain.