Les jeunes de la région travaillent plus que ceux du Québec
ÉDUCATION À l’aube de la semaine de la persévérance scolaire, l’instance de concertation PRÉCA, partenaires pour la réussite éducative en Chaudière-Appalaches, et le CJE Beauce Sud lancent un signal d’alarme face à la situation préoccupante de l’emploi chez les jeunes dans la région. Ils s’inquiètent également de l’impact du travail sur les études des jeunes.
Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, il n’est plus rare de voir des adolescents travailler dans des épiceries ou des restaurants un dimanche soir alors qu’il y a classe le lendemain matin.
C’est connu, le contexte actuel du marché du travail a un énorme impact sur les entreprises qui font face à différents défis. Pendant la pandémie, l’embauche de jeunes a été une piste de solutions pour contrer certains défis. Pour éviter la fermeture et pour couvrir les heures d’ouverture, des employeurs se sont tournés vers les jeunes en leur offrant, notamment, un salaire plus élevé que le salaire minimum.
« Une bonification salariale est plus attrayante pour un jeune qui décide de travailler et ne pas aller au bout de ses études », lance Martin Beaulieu, directeur général du CJE Beauce Sud
La région de Chaudière-Appalaches, comme partout ailleurs, fait face à cette pénurie qui n’est pas à la veille de se résorber. La dernière fois que cela a été mesuré, les jeunes de Chaudière-Appalaches travaillaient plus que ceux du Québec : 71 % des jeunes du secondaire contre 53 % au Québec. Tout porte à croire que cette proportion est plus élevée pour l’année scolaire en cours et que ces tendances ne s’inverseront pas à court terme.
« Particulièrement en Beauce, on est le poumon économique manufacturier. On a beaucoup d’usines, de PME et d’entreprises. De la possibilité d’emploi, il y en a et les jeunes sont très sollicités », ajoute M. Beaulieu.
Ariane Cyr, directrice générale de PRÉCA, écrit dans un communiqué que la pénurie de main-d’œuvre, les changements dans la culture du travail et le contexte économique difficile pour les familles sont des facteurs qui s’additionnent et créent un climat qui pourrait être propice au décrochage scolaire chez les jeunes.
« La tendance actuelle est claire, les adolescents rejoignent le marché du travail plus tôt et travaillent plus qu’avant. Il faut donc redoubler de vigilance pour favoriser la conciliation études-travail et miser sur une approche positive de l’école et du parcours scolaire », souligne-t-elle dans le communiqué.
Dans le contexte d’inflation actuel, on note également une augmentation des jeunes qui travaillent en soutien économique à leur famille. Un contexte qui peut aussi conduire l’enfant à un décrochage scolaire.
« Les jeunes peuvent faire une différence dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, mais les parents doivent comprendre que les études de leur enfant sont importantes aussi. Si les jeunes s’épuisent au travail, ce n’est pas mieux. La société a une réflexion à faire sur quelle jeunesse on veut pour nos enfants sans en abuser », mentionne Martin Beaulieu.
Malgré les préoccupations, PRÉCA et M. Beaulieu spécifient qu’il n’est pas nécessaire d’interdire toute forme de travail chez les adolescents et les jeunes adultes.
« Nous sommes pour que les jeunes travaillent, mais pas au détriment des études, il faut un juste équilibre pour qu’il y ait une réussite scolaire », nuance M. Beaulieu.
Celui-ci espère que les parents et les employeurs prendront conscience de cette réalité, car il souhaite que les étudiants s’émancipient, se découvrent et rayonnent dans ce qu’ils aiment.
La semaine de la persévérance scolaire se tiendra du 13 au 17 février. Des acteurs de la région se mobilisent pour trouver des solutions afin de promouvoir la persévérance scolaire chez les jeunes. Le projet #Mon choix, mes études, mis sur pied par le CJE Beauce Sud, vise à offrir des outils aux élèves pour favoriser une meilleure conciliation études-travail.
« On fait de la sensibilisation dans les écoles secondaires et professionnelles. On donne des ateliers et on fabrique des outils d’impact pour amener les élèves à réfléchir », conclut M. Beaulieu.