La lente augmentation de la littératie au Québec
STATISTIQUES. La mise à jour des résultats d’une étude de la Fondation pour l’alphabétisation révèle des faits intéressants sur la littératie, c’est-à-dire la capacité de lire, de comprendre et d’utiliser l’information écrite, au Québec.
Notamment, on estime en 2021 que 51,6 % des Québécois n’atteignent pas le niveau 3 de littératie. Ce qui veut dire qu’environ la moitié de la population ne serait pas capable de comprendre des textes plus longs et complexes, de les interpréter correctement et d’effectuer des liens adéquats entre les idées qu’il contient. En revanche, ces taux diminuent d’année en année. La proportion de gens qui n’atteignaient pas le niveau 3 de littératie était de 55,5 % en 2011; 53 % en 2016 et finalement 51,6 % en 2021. Ces statistiques englobent l’entièreté du Québec. En Chaudière-Appalaches plus spécifiquement, on parle d’un taux de 54,7 % de gens se trouvant sous le niveau 3 de littératie.
Ces pourcentages élevés s’expliquent principalement par la pénurie de main-d’œuvre, qui touche énormément les régions telles que Chaudière-Appalaches. Pierre Langlois, l’économiste ayant conduit la mise à jour de l’étude, l’explique ainsi : « Le jeune qui a de la misère à l’école qui voit des salaires industriels intéressants à proximité peut se questionner s’il va travailler à partir de l’âge de 17 ans et gagner 40 000 $, 50 000 $ ou 60 000 $ par année, ou continuer au cégep et retarder son entrée sur le marché du travail. » Parce qu’en effet, c’est au niveau collégial qu’on observe les plus grands gains en littératie.
Une personne n’ayant pas effectué d’études au cégep aurait tendance à avoir un niveau de littératie plus bas. C’est un autre problème en Chaudière-Appalaches, car chaque MRC ne dispose pas d’un établissement collégial. La distance devient alors un obstacle aux études supérieures. La population vieillissante vient également jouer un rôle dans les taux de littératie. Plusieurs Québécois d’un âge plus avancé n’ont pas eu l’occasion de faire leurs études secondaires, voire primaires, à cause du contexte historique dans lequel se trouvait la province dans les années 1960 et 1970. En effet, selon des statistiques datant de 1967, la moitié des Québécois de l’époque ne détenaient ni diplôme d’études secondaires ni primaires.
Bien que le niveau de littératie global se soit amélioré, la courbe de croissance de l’ensemble de la province se situe en dessous de celle de la région métropolitaine et ses périphéries. La rapidité d’amélioration dans la région de Montréal est due à la proximité des quatre grands centres universitaires et à l’arrivée d’immigration spécialisée qui y font augmenter le taux de scolarité, et donc de littératie. On parle d’une différence de 5,3 % en 2021.
Des solutions
Pour régler les problèmes relevés lors de l’étude, la Fondation pour l’alphabétisation propose plusieurs solutions. Entre autres, il faut continuer de lutter contre le décrochage scolaire, surtout chez les garçons, et encourager la fréquentation collégiale en région. On propose également un partenariat entre les milieux de travail et la formation collégiale pour avoir une offre de formation continue au travail. Un travailleur pourrait avoir accès à des cours de niveau secondaire, collégial ou professionnel pour détenir les outils qui lui permettraient de poursuivre tous les apprentissages nécessaires au cours d’une vie.
« Il est primordial de passer en mode solution », dit André Huberdeau, président du conseil d’administration de la Fondation pour l’alphabétisation, « Notre principal objectif en mesurant ces divers indices liés au niveau de littératie des Québécois demeure toujours celui de mieux comprendre, permettant ainsi de faire du Québec une société hautement alphabétisée. »