Trop de déchets humains dans les champs de nos agriculteurs
Notre société a pris le virage écologique sur plusieurs aspects. Pourtant, des agriculteurs retrouvent encore une importante quantité de déchets dans leurs champs.
La Ferme Domar, à Saint-Camille-de-Lellis, est située à la jonction des routes 204 et 281. Son propriétaire, Dominic Bégin, tient souvent des corvées avec sa famille pour ramasser les déchets dans ses champs et les fossés routiers près de la ferme.
« Il y a beaucoup de canettes d’aluminium, des bouteilles de plastique et des bouteilles en verre. Cette année, j’ai trouvé des masques de procédure. Ce ne sont pas des objets perdus. Les gens jettent ça par la fenêtre de leur auto ou camion », indique M. Bégin.
Dans ce secteur, les déchets s’étendent sur plus d’un kilomètre. « Ça existait quand j’étais jeune. C’est décourageant que les mentalités n’aient pas évolué là-dessus. Cette année, on a rempli tout le derrière de ma camionnette avec des sacs de déchets », se désole-t-il.
Sa fille Elodie a inclus la corvée printanière, effectuée le 2 mai, dans ses activités de bénévolat scolaire. Elle est élève en première secondaire à l’école des Appalaches de Sainte-Justine, au profil Mondes, culture et langues (MCL).
« Les gens oublient que ces gestes ont un impact négatif sur toutes les générations », affirme l’adolescente.
Danger animal
Au-delà de l’aspect environnemental, ce problème comporte des dangers pour les animaux d’élevage. Selon Renaud Lachance, de la Ferme Fernand Lachance et Fils à Saint-Évariste-de-Forsyth, il n’est pas possible de voir tous les déchets à temps en opérant les machineries.
« Si le déchet est déchiqueté dans le foin et mélangé avec la nourriture, on s’en apercevra seulement si la vache arrête de manger. Encore là, c’est difficile de poser un diagnostic. Ça peut carrément la tuer (ingestion de déchets) », mentionne celui-ci.
Il fait des corvées avant les semis et après chaque coupe de foin. « J’ai 1000 acres sur le long de la route 108. Le vent amène des déchets dans mes champs. C’est facile de les garder dans l’auto. C’est comme si j’allais jeter des déchets sur le parterre d’une maison », dit Renaud Lachance.
Appel au civisme
Président de l’UPA de la Chaudière-Appalaches, James Allen en appelle au civisme des citoyens de la région. Lui-même est confronté à cette problématique, comme propriétaire de la Ferme Jallen à Saint-Anselme.
« Je vois des sacs de fast-food près de mes champs. Pourtant, le plus proche service au volant est à 20 minutes de la ferme. Il y a des canettes de bière dans les rangs, mais on n’a pas le droit de boire de l’alcool en auto », rappelle M. Allen.
Selon le Code de la sécurité routière, les personnes jetant, déposant ou abandonnant des objets ou matières sur un chemin public sont passibles d’une amende d’au moins 60 $.
« Il n’y a pas une police qui suit chaque véhicule pour donner des contraventions sur les déchets. Le problème est devenu aberrant dans toute la région. Ce qu’on peut faire, c’est sensibiliser le public au problème par des moyens concrets, comme ce reportage », conclut James Allen.