Pionnier du sirop d’érable et défenseur des acériculteurs
Résident de Saint-Prosper, Marcel Larochelle s’est impliqué à fond dans l’évolution de l’acériculture, autant comme producteur que syndicaliste.
À lire aussi : Réévaluer complètement le classement du sirop d’érable ?
Né en 1951, Marcel Larochelle a d’abord aidé son père Léo dans la cueillette de l’eau d’érable. La famille détenait une érablière de 500 entailles.
« On faisait la tournée des chaudières sur un traîneau avec un cheval. L’eau était vidée dans des gros barils. La bouilleuse se chauffait au bois et on s’éclairait avec un fanal à l’huile. La cabane se résumait à des murs de planches avec une tôle dessus. Dans ce temps-là, la production était artisanale », dit M. Larochelle.
Léo Larochelle a vendu ce lot, avant de développer deux érablières à Saint-Zacharie (3000 entailles) et Saint-Prosper (800 entailles). Marcel a racheté la seconde érablière, son frère Lionel prenant possession de l’autre.
Marcel Larochelle a été notamment bûcheron, camionneur, ouvrier en construction et vendeur dans une boutique de sports. Parallèlement, il a développé son érablière, jusqu’à un total de 4000 entailles.
« L’arrivée des tubulures (années 1980), ça a été un point tournant dans le volume de production. Quand j’étais jeune, on vendait aux gens de la place et à quelques compagnies. On ne savait jamais si la production serait bonne et combien on aurait d’argent pour notre sirop », affirme celui-ci.
Plan conjoint provincial
En novembre 1999, Marcel Larochelle accepte la présidence du Syndicat des acériculteurs de la Beauce (SAB), l’une des sections régionales de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ).
« Je n’avais aucune notion sur les fonctions d’un conseil d’administration. C’est devenu une passion. Je croyais au développement d’un plan conjoint provincial », indique-t-il.
Selon la FPAQ, ce mode de commercialisation rétablit l’équilibre dans les rapports commerciaux entre producteurs et acheteurs, tout en stabilisant les prix et uniformisant les conditions de travail.
Cela comprend l’implantation de contingents et l’achat du sirop par la FPAQ, qui le revend aux transformateurs avant de payer ses membres. Il y a aussi la réserve stratégique pour répondre à la demande de sirop, malgré les conditions incertaines d’une saison acéricole.
« Ça ressemble à la gestion de l’offre pour le lait. On ne peut pas vendre à qui on veut, à n’importe quel prix. Par contre, on a un revenu garanti chaque année », précise M. Larochelle.
Certains acériculteurs, opposés à ce système, ont commis des actes de vandalisme et d’intimidation. Des assemblées d’information de la FPAQ, en février et mars 2004 au Georgesville, sont toujours gravées dans la mémoire de Marcel Larochelle.
« La première fois, ils ont grimpé sur la scène pour bousculer Pierre Lemieux (président de la FPAQ) et moi, avant de prendre possession du rassemblement. Les policiers nous ont fait sortir derrière l’hôtel. Quand on a refait l’assemblée, il y avait une escouade antiémeute devant le Georgesville pour les empêcher de rentrer », se rappelle M. Larochelle.
Place à la relève
Le 7 octobre 2020, Marcel Larochelle a cédé sa place comme président du syndicat régional, portant maintenant le nom de Producteurs et productrices acéricoles de la Beauce (PPAB). Sa plus grande fierté : le sirop d’érable québécois est dégusté aujourd’hui dans une multitude de pays.
« Il fallait investir massivement dans la publicité des produits d’érable, mais jamais je n’aurais pensé que ça se rendrait aussi loin. Les nouvelles technologies ont amélioré la production et la qualité de notre sirop. On peut le déguster dans n’importe quoi », conclut Marcel Larochelle.