Les producteurs laitiers attendent toujours les compensations d’Ottawa
Les Producteurs de lait du Québec (PLQ) pressent le gouvernement fédéral de compenser financièrement des parts de marchés sacrifiées, qui ont permis au Canada de conclure trois accords commerciaux.
L’organisme fait référence à l’Accord économique et commercial global (AECG), le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
Selon les PLQ, les concessions de marchés liées à ces accords représentent 450 millions de dollars en perte de ventes de lait dans la province, pour un total de 8,4 % de la production.
« L’arrivée de la pandémie a créé un choc supplémentaire sur l’industrie laitière. Pour réduire la production, on doit mettre plus de vaches au repos et réformer (abattre) plus tôt des vaches en fin de vie, en plus de surveiller les vêlages. Des producteurs ont également retardé des projets de modernisation », explique Sylvain Ruel, premier vice-président des Producteurs de lait du Québec, secteur Chaudière-Appalaches-Nord.
Propriétaire de la Ferme Ruel et fils à Saint-Gervais, il s’occupe d’une centaine de bêtes, dont la moitié est en lactation. « Une ferme, ça fonctionne 365 jours par année. Le tiers de la production est réservé aux HRI (Hôtels-Restaurants-Institutions). Avec la baisse de la demande, certains producteurs ont été obligés de jeter du lait. Heureusement, on a pu en donner à des banques alimentaires », indique M. Ruel.
Compétition déloyale
David Poulin, président des Producteurs de lait du Québec, secteur Chaudière-Appalaches-Sud, possède la Ferme Davico à Saint-Joseph.
Il s’attendait à ce que le discours du Trône, présenté le 23 septembre au Parlement d’Ottawa, donne des détails supplémentaires sur les aides à venir pour les producteurs laitiers.
« Il y a eu une ligne rappelant le programme de compensations pour l’AECG et le PTPGP (du budget 2019-2020). On a reçu les versements de la première année. Le contrat doit durer huit ans, mais on n’a aucune confirmation pour les années suivantes », déplore M. Poulin.
Quant à l’ACEUM, les échanges seraient au point mort. « Ça fait un an que l’accord a été signé. On n’a jamais eu de retour du fédéral. Dans les accords commerciaux, nous écopons toujours. Aux États-Unis, l’agriculture est subventionnée. Pourquoi ça ne marche pas ici ? », se demande David Poulin.
Il croit que le système de gestion de l’offre protège bien les producteurs laitiers d’ici, mais possède ses limites. « Une perte de 8,4 %, ça représente plus de 22 millions de dollars seulement pour Chaudière-Appalaches-Sud. La demande de lait a augmenté cet automne, comme chaque année, mais ça ne remboursera pas nos pertes », conclut M. Poulin.