Grosses pommes sur des vergers moins visités
Dame Nature n’a pas été tendre envers les pomiculteurs cette année. Les producteurs en Chaudière-Appalaches s’en sont bien tirés dans les circonstances, contrairement à d’autres vergers québécois.
La Cidrerie Somnambule, à Saint-Henri, a ouvert ses portes à l’autocueillette complète pour la première fois en trois ans.
« Le gel printanier a frappé moins fort chez nous. On n’a aucune perte dans la floraison des bourgeons. Les nombreuses pluies ont donné des fruits plus gros, mais on craignait la tavelure (maladie causée par un champignon) à cause de l’humidité. Nous avons été chanceux », avoue Émile Robert, copropriétaire de l’entreprise.
L’établissement, comptant un verger de 3000 pommiers, n’est pas revenu à son achalandage prépandémique. Émile Robert prend la chose avec philosophie.
« On avait enregistré un nombre record de visiteurs en 2019. Ça représente 30 % de notre chiffre d’affaires (autocueillette). Le reste vient de notre production de cidre. Durant les deux saisons suivantes, la demande en cidre était en forte croissance. On avait mis tous nos efforts là-dessus, parce qu’on ne pouvait pas accueillir les visiteurs », mentionne celui-ci.
Goûts différents ?
À Saint-Georges, l’entreprise Les Roy de la Pomme possède 4000 pommiers liés à une quinzaine de variétés. Lise Breton, copropriétaire, souligne que les conditions météorologiques ont influencé l’allure et le goût de chaque fruit.
« On n’a pas eu de soleil et beaucoup de pluie. À cause de cela, les pommes rougissent moins. Au goût, elles étaient plus acides ou sucrées selon la semaine de récolte », précise cette dernière.
Toutes ces situations compliquent la production du cidre, qu’il soit alcoolisé ou non. « Nous devons travailler plus à équilibrer les saveurs si l’on veut que chaque cidre goûte la même chose annuellement », soutient Lise Breton.
Pour l’autocueillette et l’achat en kiosque, les visiteurs sont passés jusqu’à la mi-octobre. « On avait battu des records de visiteurs durant la pandémie. Dans le contexte économique actuel, nous sommes contents d’être revenus à l’achalandage standard. Depuis quatre ans, on voit aussi que les saisons commencent plus tardivement », dit la copropriétaire.
Microclimat fluvial
Chaudière-Appalaches représente un haut lieu agricole, mais pas spécifiquement en pomiculture. Les Producteurs de pommes du Québec (PPQ) recensent officiellement neuf vergers dans la région. Presque toutes ces terres pomicoles côtoient ou se trouvent à quelques kilomètres des rives du fleuve Saint-Laurent.
« Il existe un microclimat le long du fleuve aidant à la culture des pommes. On le voit au nord de votre région avec les nombreux vergers sur l’île d’Orléans et la côte de Beaupré », explique Éric Rochon, président des PPQ.
Carl Richard, opérateur du Verger Corriveau à Saint-Vallier, confirme cette information. « Notre saison se prolonge sur deux à quatre semaines. Je le vois clairement en regardant d’autres vergers plus loin dans les terres. En ajoutant notre certification bio, nous misons sur des valeurs sûres », estime M. Richard.