Chaudière-Appalaches propose ses solutions

ÉCONOMIE. Les élus municipaux et les industriels de la région de Chaudière-Appalaches se mobilisent et proposent une série d’actions concrètes afin de collaborer avec le gouvernement et ainsi assurer la pérennité de son économie et la vitalité de ses milieux. Des rencontres ont eu lieu mardi dernier avec le ministère de l’Économie et l’opposition officielle.

Ce n’est un secret pour personne. La pénurie de main-d’œuvre cause aujourd’hui une perte d’opportunités, d’innovation et de croissance dans la région. Il y a une perte de confiance chez les entrepreneurs et la production future d’entreprises de la région pourrait être compromise.

Une étude illustre que près de 60 % des entreprises manufacturières de la région ont déclaré avoir abandonné la fabrication de certains produits et diminué la recherche de nouveaux clients, et ils prévoient consacrer moins de ressources dans le développement de nouveaux produits. Jusqu’à 76 % d’entre elles ont même eu à refuser des contrats faute de capacité à livrer, notamment à l’exportation.

Parmi les entreprises touchées, le fabricant de pièces et d’assemblage métalliques, Métal Bernard de Saint-Lambert-de-Lauzon, comptait 175 employés en 2019, dont deux provenaient de l’étranger. Aujourd’hui, 160 personnes y ont un emploi, dont 21 travailleurs étrangers.

Constats

Délocalisation de la production dans d’autres régions, abandon ou diminution significative de la production de certains produits et ralentissement de la recherche de nouveaux clients font partie des mesures prises entre temps.

L’entreprise songe à d’autres dispositions ayant refusé plus de 5 M$ de nouveaux contrats, dont 10 % provenant de l’extérieur du Québec. On note entre autres d’investir en expansion dans d’autres régions du Québec et hors Québec, investir en automatisation, robotisation, informatisation, et même vendre l’entreprise, tout simplement.

Louis Veilleux, président de Métal Bernard et fondateur-actionnaire du Groupe Mundial, était des rencontres tenues sur le sujet et croit que la pyramide démographique des dernières années est une partie de la problématique. « On a voulu illustrer les enjeux avec lesquels on doit composer. On a des problèmes et des défis et on souhaite avoir les outils pour en venir à bout. En plus des problèmes à recruter du personnel ici ou à l’étranger, les gens vieillissent et nous n’avons pas fait d’enfants, c’est mathématique et ça explique en partie ce que l’on vit. »

Il estime en outre que les entreprises pourront supporter la crise un certain temps, mais les dommages à long terme sont inévitables. « Nous pourrions être confortables pour un certain temps, mais à moyen et long terme, ce sera désastreux pour nos régions. 89 % des entreprises ont des postes vacants. Il y a 62 % des entreprises qui font moins ou plus du tout de recherche et développement. Si on arrête de développer, on se fera rattraper à coup sûr. On perd de la vitesse dans nos entreprises. Nous avons payé des équipements que nous n’utilisons pas. »

Pistes de solution

Aussi propriétaire de l’entreprise Beauce Caoutchouc de La Guadeloupe, M. Veilleux vante une initiative appelée Le Club des Ex qui favorise la participation de ses employés plus âgés. « Ces gens-là nous donnent deux ou trois journées de travail par semaine. Quand ils sont là, ce sont souvent nos meilleurs employés, car ils ont du plaisir, de l’expérience et beaucoup à offrir aux jeunes. »

L’idée de crédits d’impôt pour des équipements usagés, une simplification pour recruter la main-d’œuvre étrangère puisque le processus est lourd et long, pouvoir en faire plus avec moins de personnel, valorisation de la formation professionnelle et technique, améliorer la fiscalité des travailleurs pour favoriser la rétention, font notamment partie des solutions proposées, résume M. Veilleux qui suggère un élargissement dans l’approche.

À sa sortie d’une rencontre avec la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA) et les dirigeants d’entreprises, la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, réaffirme que de nouvelles solutions doivent être mises en œuvre pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.

Elle rappelle qu’une étude, commandée il y a quelques mois, démontre que 58 % des entreprises songent à délocaliser la production à l’extérieur de la région ou même du Québec. « La situation est grave! Depuis trois ans, des actions plus fortes auraient dû être prises pour lutter contre cette pénurie de main-d’œuvre, mais François Legault refusait d’agir. »

Comme suggéré par Mme Anglade, la TREMCA propose des programmes et un accompagnement renforcé pour l’automatisation et la robotisation, de faciliter l’accès aux travailleurs étrangers, une meilleure adéquation entre la formation et les besoins des entreprises et, finalement, valoriser les bassins de main-d’œuvre disponibles, notamment les travailleurs expérimentés.