L’école en voyage, c’est possible

Il y a tant de façons différentes d’apprendre. L’école a ses forces, mais comme le dit la maxime : «Les voyages forment la jeunesse». C’est ce qu’un père de famille a choisi de faire vivre à ses enfants en janvier 2014.

Vivre six mois dans un autobus réaménagé en véhicule récréatif. C’est ce que Mario Landry voulait offrir comme aventure à ses enfants. Avec sa conjointe, ses quatre enfants et sa nièce, ils ont traversé les États-Unis, le Mexique, le Nicaragua et le Costa-Rica avant de revenir au Québec. Les deux plus vieux de M. Landry, Franky et Shakeem, étudiaient à la Polyvalente de Saint-Georges lors de ce voyage.

Afin que ses deux garçons ne soient pas en retard par rapport aux autres étudiants, M. Landry et sa conjointe Sophie ont dû s’improviser enseignants. Étant tous deux conseiller en orientation, M. Landry considère qu’ils avaient déjà une base en éducation, sans quoi cela aurait pu être plus difficile.

Il a cependant obtenu beaucoup de collaboration de la part de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin (CSBE). Franky est en cheminement particulier alors que Shakim était en secondaire trois. À leur retour de voyage, six mois plus tard, les deux garçons n’ont eu aucun problème à réintégrer l’école. Les adolescents ont aussi monté un porte-folio par rapport au voyage réalisé qu’ils ont dû remettre à la CSBE.

Plusieurs façons d’apprendre

En voyage, il est facile de parler de la géographie, de la faune, de la flore et de l’histoire du pays qui est traversé. C’est ce qu’ont fait Mario Landry et sa conjointe. «Sophie s’occupait plus du français et de l’histoire et moi des maths», explique M. Landry. «Juste à calculer les taux de change entre les différents pays et en comparaison avec l’argent canadien, ça permet de mettre en pratique ce qui avait été appris en classe».

Dans le cas de Franky, qui a plus de difficultés à l’école, apprendre à gérer les factures du voyage et le budget a été un gros apprentissage. «Le voyage, c’est une façon de vivre différemment, de vivre au gré du vent qu’on n’apprend pas à l’école», estime le père de famille.

Participer à un voyage de six mois a changé les enfants. «Pour Shakeem, ça lui a donné beaucoup de motivation à l’école. Il a maintenant déménagé avec moi à Sainte-Adèle. Et Franky, le voyage l’a motivé à avoir son permis de conduire. Je suis certain qu’il ne l’aurait pas fait sans cette expérience. Ça lui a aussi appris à faire face au changement et à l’imprévu», ajoute M. Landry. Dans le cas de Franky, le voyage l’a beaucoup aidé à développer les rapports interpersonnels. Selon son père, il est maintenant plus «en mesure de gérer émotionnellement comment il vit». Il fait maintenant preuve de détermination, même si finir son secondaire sera peut-être une épreuve irréalisable dans son cas. «Je ne pense pas qu’il aurait eu autant de détermination sans le voyage. Il veut travailler et a les mêmes ambitions qu’un jeune qui n’a pas de retard d’apprentissage. Il sait qu’on est capable de vivre ce qu’on veut vivre, que tout est possible et qu’on peut relever des défis».

Les adolescents sont aussi devenus beaucoup plus débrouillards et ont pu diversifier leurs champs d’intérêt. «Ils ont travaillé sur les valeurs et la perception qu’ils ont et que les autres ont d’eux».

Si au départ, la routine pour les périodes réservées à l’étude a été difficile à installer, les enfants s’y sont habitués. «Ils en faisaient un petit peu tous les jours, le matin surtout. Mais au Costa Rica, avec les singes dehors, c’est plus difficile de se concentrer», explique-t-il en riant.

Selon lui, les jeunes ont pu apprendre autant dans les événements de tous les jours qu’à l’école, mais différemment. «En voyage, ils n’ont pas eu le choix d’apprendre l’espagnol et de communiquer avec les autres chaque fois qu’ils sortaient de l’autobus», souligne Mario Landry.

Atteinte de leucémie

Malheureusement, au retour des six mois de voyage, la conjointe de Mario Landry, Sophie, a été hospitalisée. Après quatre ans en rémission d’une leucémie, la maladie est revenue et elle est décédée quelques mois plus tard. C’est pourquoi il n’a pas été possible d’obtenir ses commentaires. Nos plus sincères condoléances à la famille.