L’avocat Marc Bellemarre souhaite casser la décision
Me Marc Bellemarre fait pression sur la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) afin qu’elle fasse marche arrière sur sa récente décision d’accorder la semi-liberté à Tommy Lacasse criminellement responsable de la mort de deux jeunes femmes en juin 2011.
Me Bellemarre représente Diane Vachon et Daniel Fortier, parents de Caroline, et Guylaine Bédard et Richard Pruneau, parents de Nadia. Dans une lettre adressée à la CLCC le 8 février dernier, il demande qu’elle révoque sa décision et permette aux parents d’assister et de participer à un nouveau processus d’examen de la demande du jeune homme de 23 ans.
Les parents avaient manifesté leur désir de participer à la prochaine séance de la Commission qui devait avoir lieu à la fin mars selon une communication téléphonique de leur agent de liaison. Or, la CLCC a accordé la permission de sortie sans escorte et de perfectionnement personnel à Lacasse le 31 janvier dernier, et ce, sans informer les parents des victimes impliqués depuis le début du processus judiciaire.
Condamné à six ans et demi de pénitencier pour conduite avec les facultés affaiblies causant la mort en octobre 2013, Lacasse aura donc le droit d’étudier pendant six mois dans un centre de formation professionnelle.
«Nous ne sommes pas contre le fait que Tommy Lacasse redevienne un bon citoyen. En juin 2015, ça lui avait été refusé. Ça signifie qu’il y aurait eu une évolution assez fulgurante dans son cas au cours des 15 derniers mois. On ne dit pas que ce n’est pas possible, mais cela étonne. C’est quand même 16 heures par jour de liberté. Il quittera le pénitencier et prendra le transport public pour se rendre à l’école. Il y a quand même une liberté qui se rapproche de la nôtre. C’est quand même un immense privilège. Les victimes sont frustrées que ce soit fait sans leur présence et leur collaboration et qu’ils n’ont pu assister au processus pour voir l’évolution de celui-ci», résume Me Bellemarre.
Les parents des victimes estiment avoir été privés de leur droit de participation par la Commission tel qu’inscrit dans la Charte des droits des victimes. «Je ne suis pas en colère et ni contre Tommy Lacasse. Je voulais seulement l’entendre», enchaîne Guylaine Bédard.
«Nous ne voulons pas faire de guerre avec ça, mais nous voulions entendre de sa bouche ses progrès et son cheminement. Si la Commission juge qu’il est prêt et suffisamment bien outillé pour retourner en société, c’est correct. Nous sommes pour la réhabilitation et nous croyons à la réhabilitation», renchérit Diane Vachon.
Malgré sa semi-liberté, l’accusé devra se soumettre à diverses conditions telles que ne pas conduire un véhicule à moteur, ne pas consommer de drogue et d’alcool et entrer dans des établissements qui font la vente d’alcool. Il ne pourra pas entrer en contact avec les familles et ne pourra pas se présenter dans la localité de Saint-Prosper.
Vers la cour fédérale ?
Selon Me Bellemarre, il y a toujours possibilité pour les parents de se tourner vers la cour fédérale qui imposerait toutefois des délais et des frais. «Nous sommes en train de regarder cette possibilité afin de faire casser la décision en cour fédérale. Ce serait le recours qui s’imposerait à ce moment-ci. Nous souhaitons que la Commission puisse comprendre la situation et agir d’elle-même. Si les victimes ont une quelconque importance dans ce processus, la Commission, qui est responsable de l’application de la loi, devrait faire marche arrière. On attend des réactions de leur part», conclut Me Bellemarre.