Gaétan Bégin brise le silence

Gaétan Bégin brise le silence sur les sévices sexuels que lui auraient infligés l’abbé Rosaire Giguère ainsi qu’à deux de ses frères, Guy-Noël et Claude-Henri, à Saint-Ludger en Beauce, il y a près de 60 ans.

Le diocèse de Québec ne se porte pas responsable des gestes reprochés au curé Giguère, décédé en 1974. Ce dernier a fait vivre un calvaire à l’endroit des trois frères Bégin, alors âgés de 13 à 15 ans à la fin des années 1950. Il les a forcés à s’adonner plusieurs séances de masturbation et d’attouchements. Certains de ses actes sont notamment survenus dans une voiture pour Gaétan et dans un champ de fraises pour Guy-Noël.

Accompagnée du médecin de famille, Jean-Marie Rodrigue, la famille Bégin a tenté de porter plainte la première fois à la fin des années ’50. Cela n’aura mené qu’au transfert du curé dans une autre paroisse. «Il a fait trois victimes d’une même famille, il doit avoir d’autres victimes», soutient M. Bégin.

Les trois hommes ont connu la dépression, des problèmes de consommation d’alcool, de la colère et surtout de la honte. «Dans toute cette histoire, on a peur, on a honte, on a la rage et on est frustré. Mon psychiatre m’a fait comprendre l’an passé que ce n’est pas à moi d’avoir honte. Ce sont eux qui doivent avoir honte», a souligné Gaétan, maintenant âgé de 75 ans.

Il veut la justice

Après avoir gardé le silence trop longtemps, il a entamé ses démarches auprès du comité-conseil du diocèse mandaté en 2006 pour guider les victimes d’agressions sexuelles commises par des membres du clergé. Cela a mené à une rencontre avec le cardinal Gérald Cyprien Lacroix le 26 mars dernier. Lors de l’entretien, il a raconté ses souffrances et demandé une indemnisation. Le cardinal Lacroix a plutôt offert de prier pour lui.

De plus, le 8 avril, M. Bégin a reçu une lettre de la firme d’avocats Stein Monast. «Même si l’on devait prendre pour acquis les faits allégués, il est évident que votre demande est irrecevable. D’une part, l’Église catholique n’a pas à répondre, sur le plan juridique, des gestes reprochés au curé Rosaire Giguère. D’autre part, et surtout, tout recours basé sur ses faits est longtemps prescrit», lisait-on dans la lettre suivant la rencontre.

Maintenant âgé de 75 ans, il poursuit sa bataille afin que Québec mette fin aux délais de prescription au Québec. Ceux-ci empêchent les victimes d’agressions sexuelles d’intenter des poursuites civiles auprès de leurs agresseurs. «J’aurai justice», conclut M. Bégin.