La liberté de presse
Dans la foulée de ce qui est maintenant convenu d’appeler «l’affaire Patrick Lagacé», la communauté journalistique vient de subir tout un choc et la liberté de presse tout autant.
Le nom de Patrick Lagacé n’était que la pointe de l’iceberg car quelques jours plus tard, on apprenait que d’autres journalistes avaient aussi été espionnés par des policiers. Et qu’est-ce qui prouve qu’il n’y en pas eu d’autres et pas seulement dans les grands centres mais peut-être aussi en région ? On peut déjà en douter.
D’entrée de jeu, les médias ont entre autres pour mandat d’être le chien de garde des institutions. La plus belle preuve en est que croyez-vous que le scandale des commandites aurait été étalé au grand jour et que la Commission Gomery aurait été mise sur pied si la Cour suprême avait obligé le journaliste Daniel Leblanc à dévoiler sa source devenue par la suite célèbre sous le nom de «Ma Chouette» ? J’en doute encore.
Fort heureusement, Daniel Leblanc a pu protéger sa source et on connaît la suite. Mais à partir de maintenant, si les sources savent que les journalistes sont épiés, elles seront beaucoup moins intéressées à leur donner de l’information. Et si l’information ne se rend pas aux journalistes, il leur sera doublement difficile d’effectuer leur travail.
Au moins, une commission d’enquête publique permettra de faire la lumière sur la surveillance des faits et gestes des journalistes. Au terme de cette enquête, le public devrait en savoir plus sur l’ampleur du phénomène. L’enquête devrait en plus permettre d’identifier des moyens pour régler la situation car il faut bien le dire, la protection des sources journalistiques est une notion fondamentale dans un pays que l’on qualifie de «libre».
Nous ne vivons pas dans une république de bananes et les journalistes ont un travail à faire. À cet effet, n’ont-ils pas le quatrième pouvoir entre les mains ? La moindre des choses est qu’ils doivent pouvoir protéger leurs sources. C’est ce qu’on appelle la liberté de presse.