Le forum sur la sécurité à Halifax scrute les dépenses militaires
HALIFAX — À l’ouverture du Forum sur la sécurité internationale d’Halifax, le ministre fédéral de la Défense Bill Blair a défendu vendredi les dépenses militaires du Canada dans un contexte de pressions croissantes sur les membres de l’OTAN pour qu’ils en fassent davantage après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
Environ 300 experts politiques, politiciens et responsables de la défense de 60 pays participent à la 16e réunion annuelle dans la capitale de la Nouvelle-Écosse.
L’ancienne ambassadrice des États-Unis au Canada Kelly Craft a indiqué dans les derniers jours de la campagne présidentielle américaine que le Canada serait sage d’accélérer son calendrier pour respecter ses engagements de dépenses envers l’OTAN en cas de victoire de M. Trump.
Le lieutenant-général à la retraite Andrew Leslie, un ancien député libéral, a affirmé au comité de la défense de la Chambre des communes deux jours après l’élection américaine qu’il ne percevait «aucun sentiment d’urgence» de la part du gouvernement pour respecter ces engagements.
M. Blair a déclaré aux journalistes à Halifax que son gouvernement savait qu’il devait augmenter les dépenses de défense, à la fois pour aider l’Ukraine et pour protéger son propre territoire, mais il devait s’assurer que le Canada obtienne «un bon rapport qualité-prix» pour ses investissements.
«Lorsque nos alliés disent qu’ils veulent que nous respections notre engagement, je leur ai répondu «oui» et je leur ai dit que nous poussions sur une porte ouverte, a-t-il déclaré. Nous allons faire ces investissements.»
M. Blair estime que certaines des critiques américaines et nationales sont injustes, car le gouvernement s’est engagé lors d’un sommet de l’OTAN en juillet à «un plan crédible et réaliste» de dépenses de 2 % du PIB pour son armée d’ici 2032, alors qu’il achète une flotte de 12 nouveaux sous-marins.
Il a déclaré qu’il existe des exemples où le Canada peut «accélérer» ses dépenses en effectuant des achats qui s’harmonisent avec ceux de ses alliés, citant l’annonce d’Ottawa selon laquelle il remplacerait l’avion de patrouille maritime CP-140 Aurora par l’avion Boeing P-8A Poseidon.
Le ministre de la Défense a également annoncé qu’un système de défense sol-air que le Canada a acheté il y a deux ans est arrivé en Ukraine pour aider à protéger le pays contre les missiles russes, bien qu’il aurait aimé que l’approvisionnement se déroule plus rapidement. «Il y a beaucoup de choses dans certains de nos processus d’approvisionnement qui nous ont vraiment ralentis», a-t-il déclaré.
Les 32 pays membres de l’OTAN ont convenu de consacrer chacun l’équivalent d’au moins 2 % de leur PIB à la défense, mais le Canada fait partie des neuf membres qui ne le feront pas cette année. Les chiffres de l’alliance prévoient que le Canada dépensera l’équivalent de 1,37 % de son PIB pour la défense, ce qui le place en queue de peloton. Le ministère de la Défense prévoit que ce chiffre augmentera au cours des prochaines années, pour atteindre 1,76 % d’ici 2030.
Donald Trump a une longue histoire de critiques envers l’OTAN, et d’anciens responsables de l’administration ont déclaré à l’Associated Press qu’il avait menacé à plusieurs reprises de se retirer de l’alliance qui est au cœur de la politique américaine depuis des décennies. Mais les alliés et les partisans soutiennent que la rhétorique de Donald Trump n’est qu’une tactique de négociation et soulignent que, malgré ses dénonciations, il n’a pas abandonné l’OTAN au cours de son précédent mandat.
L’industrie militaire réclame un plan
Nicolas Todd, qui participe au forum sur la sécurité en tant que vice-président des relations gouvernementales de l’Association canadienne des industries de défense et de sécurité, a déclaré dans une entrevue vendredi que si le gouvernement libéral veut progresser plus rapidement sur les dépenses militaires, il doit clairement indiquer ses plans de dépenses.
«Ce que nous avons vu jusqu’à présent, c’est une attente d’atteindre 2 %. Ce n’est pas un plan. Nous avons besoin d’un plan financier détaillé, année après année, sur ce qu’il faudra», a-t-il expliqué.
Il a contrasté l’annonce faite jeudi par le gouvernement de suspendre la taxe de vente fédérale sur une longue liste d’articles, pour un coût de 6,3 milliards $, avec une croissance lente des dépenses militaires.
Peter Van Praagh, président du forum, a indiqué lors de la conférence de presse d’ouverture que la voie vers la paix mondiale dépend toujours de la victoire de l’Ukraine sur la Russie, ce qui nécessitera le soutien continu des États-Unis et de leurs alliés.
«Si la Russie s’en tire avec cette agression flagrante, nous entrons dans un monde où la force fait loi. C’est un monde qui n’est sûr pour personne», a-t-il expliqué.