Jour du Souvenir à Beauceville et Saint-Georges: des militaires avec un syndrome post-traumatique
Le jour du Souvenir a pour mission de se remémorer ces valeureux militaires morts au combat pour notre liberté, de se remémorer les Première et Deuxième Guerres mondiales pour jamais plus, et de se remémorer qu’il y a aussi une nouvelle génération de militaires aux prises avec des missions à l’étranger, dont le retour au pays s’est soldé par un syndrome post-traumatique.
Les 10 et 11 novembre, à l’occasion du jour du Souvenir – autrefois appelé jour de l’Armistice – ont eu lieu deux cérémonies solennelles organisées par la Légion royale canadienne filiale de la Beauce, l’une à Beauceville et l’autre à Saint-Georges. Des dignitaires, des maires, des vétérans, des militaires, des policiers, des ambulanciers, des cadets et leur famille, rassemblés pour se souvenir que notre liberté a eu un prix humain à payer lors des deux premières guerres mondiales.
« C’est notre devoir de se souvenir de ceux qui sont disparus lors des guerres, mais aussi des jeunes vétérans dans les autres missions canadiennes », lance Guylaine Bilodeau, une vétérante déployée en Bosnie, en 1995, pour le support des troupes.
« Le Canada n’a jamais déclaré la guerre, mais on a supporté nos alliés dans tout ça. Nous avons perdu de très jeunes militaires durant la Première et Deuxième Guerres mondiales. Les conditions n’étaient pas évidentes dans ce temps-là. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle génération de jeunes vétérans. C’est important de se rassembler, même si nous ne nous connaissons pas personnellement. Nous sommes une grande famille. »
Une vétérane de l’Aviation royale canadienne, Ghyslaine Beaulieu, originaire de Saint-Honoré-de-Shenley, a fait partie du deuxième groupe de femmes qui ont joint le nouveau cours de recrue francophone à Saint-Jean-sur-Richelieu, en 1972. Le groupe est passé de 300 à 1000 femmes. Elle n’a pas fait de mission à l’étranger pendant ses 23 ans de service.
« Il y avait des missions, mais on n’envoyait pas de femmes. Je dis toujours que j’ai fait partie des années peace and love », ajoute-t-elle d’un clin d’œil.
C’est plus qu’un devoir, c’est une vocation
Deux Français étaient aussi présents pour l’occasion, Éric Bernardeau et Loïc Le Gall, faisant partie de la filiale 249 de la Beauce de la Légion royale canadienne.
« Pour moi, le 11 novembre signifie beaucoup. Un de mes grands-pères a fait la guerre 1914-1918, l’autre a fait la Deuxième Guerre mondiale en plus d’être né le 11 novembre 1918, le jour de l’Armistice. C’est sa fête aujourd’hui », exprime fièrement Loïc Le Gall qui a été parachutiste militaire pendant 20 ans.
Éric Bernardeau a pour sa part participé à plusieurs conflits pendant ses 31 ans de service, comme l’opération Tempête du désert, le Cambodge et la Yougoslavie.
« Ce que je retiens de ces expériences, c’est d’aider les autres, les protéger et toute la fraternité entre militaires. Au Cambodge, on a aidé à construire une école, ça fait aussi partie du métier », souligne le militaire retraité.
Syndrome post-traumatique
Le maire de Saint-Georges et ancien lieutenant-colonel, Claude Morin, raconte qu’il a été récemment approché par des concitoyens arguant que le jour du Souvenir devrait être cessé en raison du décès de la plupart des vétérans des deux premières guerres.
« Non, au contraire », dit-il. « Regardez ce qui se passe sur le plan international présentement. Je vous le dis, ça va brasser dans la cabane dans les prochaines années. Plus que jamais, il faut être prêt », précise-t-il.
« Il faut penser à ceux qui sont morts au combat, mais aussi à ceux qui sont allés et qui sont revenus avec des problèmes d’ordre post-traumatique. Il y a autant de dommages collatéraux envers chaque individu déployé dans ce genre d’opérations », conclut-il.