Nouvelles mesures en immigration : l’inquiétude grimpe en Chaudière-Appalaches

ÉCONOMIE. Après la Table stratégique en immigration de la Beauce, les élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA) et Chaudière-Appalaches Économique (CAÉ) affichent leurs inquiétudes et appréhendent les impacts des nouvelles mesures en immigration, annoncées par Québec et Ottawa, visant à réduire l’immigration temporaire.

Ces récentes mesures, dont l’augmentation du salaire médian pour les travailleurs étrangers temporaires (TET) au Québec qui passera de 27,47 à 32,96 $, la baisse de 20 % à 10 % de l’effectif total du pourcentage d’embauche pour les postes à bas salaire, l’exigence d’un niveau 4 de francisation à l’oral pour les TET, combiné au gel du financement pour augmenter l’offre en francisation et la réduction de la durée des permis de travail, ne sont que quelques-unes des choses dénoncées.

Plusieurs élus ont été interpellés par des entrepreneurs de leur MRC, qui se sont dits alarmés face à l’impact économique que ces restrictions pourraient engendrer, particulièrement dans un contexte où malgré une stabilisation des intentions de recrutement à l’international, la main-d’œuvre étrangère demeure indispensable, voire vitale pour la survie de plusieurs secteurs.

Rappelant que Chaudière-Appalaches se distingue avec l’un des plus bas taux de chômage au Canada, enregistré à 2,9 % en août 2024, même si le taux de chômage augmente ailleurs au Québec, où il atteint 5,8 %, les intervenants de la TREMCA et de Chaudière-Appalaches Économique s’entendent pour dire que la main-d’œuvre étrangère est toujours vitale pour la région.

Plusieurs idées

Plusieurs demandes sont d’ailleurs adressées aux décideurs, dont celle d’accorder des droits acquis aux entreprises qui sont déjà engagées dans des démarches de francisation et d’intégration de leurs travailleurs étrangers, de réajuster à la baisse le salaire horaire médian pour les postes à bas et à haut salaire afin de s’ajuster à la réalité économique des entreprises de la région de Chaudière-Appalaches, de maintenir à 20 % le taux d’embauche des TET pour les secteurs manufacturiers et des commerces et services, de prévoir un délai raisonnable pour toutes nouvelles mesures auprès des institutions scolaires afin de permettre à ces dernières de s’adapter et de respecter leurs engagements auprès des étudiants, puis de faire une distinction sur l’application des règles pour les régions ayant un taux de chômage inférieur à 5 %.

Gaétan Vachon, membre de l’exécutif de la TREMCA, préfet de la MRC de La Nouvelle-Beauce et représentant de la Table stratégique en immigration de la Beauce, résume les inquiétudes des élus. « Ces restrictions frappent directement les entreprises de Chaudière-Appalaches qui, en dépit d’une baisse relative des intentions de recrutement, ont encore un besoin crucial de travailleurs étrangers pour maintenir leurs opérations à flot. De nombreux travailleurs étrangers temporaires (TET), actuellement en poste dans la région, sont déjà engagés dans des démarches de francisation et d’intégration dans leurs communautés », indique-t-il. 

Le président de la TREMCA et maire de la Ville de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brousseau, ajoute que ces nouvelles mesures pourraient avoir des impacts importants dans le milieu scolaire et poser des contraintes sur différents programmes de formation locaux. Il souhaite que les gouvernements prennent en compte les réalités des régions et qu’ils envisagent des ajustements aux politiques proposées, en concertation avec les acteurs locaux.

Contrairement au gouvernement provincial, l’approche mur à mur du fédéral entre la métropole et les régions fait en sorte que les nouvelles règles ne tiennent pas compte des différences entre les besoins de la métropole et ceux des régions. Cette approche centralisée risque de pénaliser les régions qui ont des réalités économiques très différentes de celles de Montréal ou de Québec, ajoutent les élus dans leur argumentation.