À votre mémoire, nos anges !

SOCIÉTÉ. SOCIÉTÉ. Tous les parents vont le dire, le pire deuil à vivre est celui de perdre son enfant, indépendamment du type de décès. Chez Parents d’Anges Beauce-Etchemins, les intervenantes accompagnent les parents qui ont vécu un deuil périnatal, soit la perte d’un bébé survenue durant la grossesse, à la naissance ou durant la première année de sa trop courte vie. Un deuil encore trop souvent vécu dans l’isolement.

Dans le cadre de la dixième édition de la Fête des anges, le samedi 12 octobre, l’organisme a souligné la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal en rassemblant des parents de la grande région de Beauce-Etchemins, qui tenaient à rendre hommage à leur enfant. C’était aussi la première édition de la Journée québécoise de sensibilisation au deuil périnatal, adoptée par l’Assemblée nationale, le 1er février dernier. Pour l’occasion, les parents ont planté une tulipe en mémoire de leur enfant, un départ précipité d’un être tellement aimé et désiré. Un geste qui vient donner du sens à une perte qui n’en a pas. 

 « Le deuil périnatal est trop souvent incompris et banalisé. Poser un geste concret en mémoire de l’enfant décédé contribue au cheminement personnel du deuil », explique Diane Dulac, directrice générale de Parents d’Anges.

28 ans plus tard, le coeur encore gros

À titre de journaliste, c’était la première fois que j’assistais à un événement comme celui-ci. En tant que femme, c’est la première fois que je prenais part à cette journée et j’y suis allée le cœur encore chaviré par le deuil de ma fille décédée durant ma grossesse, 28 ans passés. À cette époque, il n’y avait pas d’organisme connu vers qui me tourner, de cimetière symbolique où je pouvais aller me réfugier pour me remémorer. Alors, je pleurais dans la solitude et je criais en silence. Je n’ai pas reçu une petite boîte tangible, un petit kit de vêtements, de chaussons et de peluche à la sortie de l’hôpital. Rien pour me remémorer l’enfant porté en mon sein.

Sentiment de malaise

Lorsque j’en parlais autour de moi, je voyais bien un malaise chez mes interlocuteurs, comme s’ils voulaient s’enfuir après quelques mots, parfois maladroits, de condoléances.  Ils n’ont pas connu, ni vu, ni pris dans leur bras ma fille, mais cela n’enlève rien à sa perte qui est aussi douloureuse. En fait, aucun mot ne pouvait même exprimer l’ampleur de ma souffrance. Mais le soutien d’un proche n’a pas besoin nécessairement d’un discours, mais d’une présence que le parent – autant le père que la mère – a véritablement besoin dans son chagrin.

Près de 30 ans plus tard, mon enfant fait toujours partie de ma vie et de ma famille. C’est mon amour inconditionnel pour ma fille qui rejoint ma douleur encore présente, et ce, malgré moi.

Le deuil périnatal touche environ une grossesse sur quatre. Au Québec, environ 23 000 décès périnataux surviennent chaque année. Ce type de deuil et ses conséquences sont méconnus et les parents se trouvent trop souvent isolés et incompris dans leurs parcours.

Chaque année, au printemps, Parents d’Anges prend part, avec d’autres organismes, à une marche pour sensibiliser au deuil périnatal, dans les rues de Québec.