De la génétique à la mastectomie

SANTÉ. ll y a plus de 10 ans, j’ai accompagné ma mère dans son combat contre le cancer du sein. Au même moment, j’ai pris connaissance d’une lettre ouverte de l’actrice Angelina Jolie dans le New York Times, expliquant les raisons pour lesquelles elle avait subi la mastectomie préventive totale. Tout d’un coup, les femmes furent mises face à face avec une autre facette du cancer du sein.

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J’étais loin de me douter que je passerais à travers ce même processus rigoureux et difficile un jour.

La présence d’un cancer du sein chez la femme est multifactorielle. Pour 70 % des femmes, elles ont ce cancer pour une raison sporadique ou environnementale. Le tabagisme, l’alcool, l’obésité, l’exposition aux hormones sont des facteurs de risque, mais ils n’expliquent pas l’entièreté du cancer du sein. Pour 15 à 20 % des femmes, le cancer du sein est lié à une raison familiale héréditaire. Pour 5 à 10 %, les femmes sont porteuses d’une mutation génétique prédisposante à l’apparition de ce dernier.

« C’est la minorité des femmes qui sont prédisposées au cancer du sein », précise Dre Gabrielle Bergeron-Giguère, chirurgienne-oncologue au Centre des maladies du sein à l’hôpital du Saint-Sacrement.

Parmi les gènes détectables, certains concernent à la fois le cancer du sein et de celui des ovaires (comme le cas d’Angelina Jolie). Les gènes sont catégorisés de légers à sévères, selon le risque de cancer déterminé pour chacun des gènes. Cependant, avec ou sans gène prédisposant, il peut y avoir cancer.

Mastectomie totale ou tumorectomie ?

Dre Bergeron-Giguère indique que ce n’est pas tous les cas de cancer du sein qui vont subir l’ablation des deux seins.

« On va enlever le sein dans lequel il y a la présence d’un cancer. Mais on n’enlèvera pas les deux seins d’emblée, car il y aura deux fois plus de risques d’infection. On en discute avec la patiente », explique-t-elle.

« Idéalement, si la patiente n’a pas de mutation génétique, on prône la mastectomie partielle ou tumorectomie, c’est-à-dire que nous allons seulement enlever la tumeur dans le sein infecté. De toute manière, la survie au cancer est la même qu’une tumeur soit enlevée ou que les seins soient ôtés », conclut la chirurgienne.

Pour ma part, mon regard sur mon corps a changé depuis ma mastectomie. La post-chirurgie a été difficile, teintée d’adaptation inattendue, mais je n’ai jamais regretté mon choix. Je ne m’illusionne pas en pensant que je suis en contrôle sur mon corps et sur ma santé. J’espère juste que mes choix, aussi éclairés soient-ils, me maintiennent plus longtemps en forme et en santé.