Élever des cochons néo-zélandais… à Beauceville !
Jumelles identiques de 28 ans, Valérie et Virginie Roy adorent relever conjointement des défis. Déjà que le monde agricole reste exigeant en soi, le duo concentre ses énergies sur l’élevage des cochons kunekune, un projet unique en Chaudière-Appalaches.
Le Domaine des Kunekune, fondé en 2020, compte présentement un cheptel de 35 bêtes sur la route du Golf à Beauceville. Cette race de cochon, originaire de Nouvelle-Zélande, a été introduite au Canada en 2012. Valérie et Virginie Roy élèvent les mâles, femelles et petits sur la terre familiale.
« Nous possédons des chevaux, mais on n’a pas grandi sur une ferme. Au départ, on a acheté deux truies comme animaux de compagnie. Plus tard, on a adopté un mâle et il y a eu des accouplements. C’est là qu’on a eu un déclic, même s’il fallait partir notre projet de zéro », indique Valérie.
Les caractéristiques du kunekune diffèrent du cochon standard. Ce mammifère possède un groin retroussé et court, des poils longs et des pampilles (excroissances) pendant à la mâchoire inférieure. Plus petit que le porc en production industrielle, son alimentation se compose à 90 % de fruits, légumes et herbes. Son tempérament est amical et il obéit aisément à ses maîtres.
« Ce sont des animaux très intelligents. Nous les laissons à l’extérieur en tout temps, de mai en octobre, dans des enclos séparés (mâles/femelles). Les bébés et accouchements se déroulent dans notre bâtiment. La gestation dure 116 jours et chaque truie donne, en moyenne, de quatre à six petits », précise Virginie.
Viande et concours
Ces kunekunes beaucevillois sont abattus et transformés à l’Abattoir Cliche d’East Broughton. Le goût tendre, amalgamé à une viande rouge et juteuse, vient notamment d’un meilleur persillage que nos traditionnels porcs québécois. Ce terme désigne la graisse intramusculaire dans les muscles de l’animal. Une importante quantité se conjugue en un produit de meilleure qualité.
« On a développé plusieurs produits, comme des saucisses, de la viande fumée, du bacon et d’autres charcuteries emballées sous vide. Nous avons nos propres recettes développées avec des producteurs locaux. Avec le gras, on fabrique aussi des savons et shampooings », explique Valérie.
Les deux femmes ont même pris part à des concours internationaux de conformité. « Initialement, c’était pour savoir si nous avions de bons sujets à l’élevage. Finalement, on a remporté de nombreux prix, dont une première place en 2023 », dit Valérie Roy.
Vivre de l’agriculture
En quatre ans, les produits du Domaine des Kunekune se sont frayé un chemin dans les marchés publics et petites épiceries. Cependant, Valérie et Virginie Roy ne vivent pas encore de cette passion à temps plein.
« Nous travaillons comme éducatrices à l’école l’Éco-Pin (Notre-Dame-des-Pins). On s’occupe des animaux les matins, soirs et fins de semaine. Durant la semaine, on voit tout ce qui se passe à distance avec nos caméras de surveillance. Nos parents se déplacent sur la ferme au besoin », affirme Valérie.
« On a beaucoup de normes et règlementations à respecter. Honnêtement, on ne s’attendait pas que ce soit aussi exigeant. C’est vraiment la passion qui nous pousse à continuer. Nous aimerions, à court terme, construire des serres pour offrir plus de variétés en fruits et légumes aux kunekunes. Être autonome et juste vivre de l’élevage, ce serait un rêve », d’ajouter Virginie.
Les deux jumelles se considèrent d’ailleurs comme de véritables filles de campagne. « C’est dans notre ADN », concluent-elles.