Le Sud de la Beauce se rallie derrière la création d’une coopérative de santé
SANTÉ. Un groupe de onze citoyens des municipalités de Sainte-Aurélie, Saint-Prosper, Saint-Zacharie et Saint-Benjamin se sont mobilisés pour la création d’une coopérative de santé. La docteure Marie-Josée Lantagne et Sonia Côté, de la Clinique médicale de Saint-Prosper, sont les deux initiatrices de ce projet.
L’objectif dans l’immédiat de la Coopérative de santé et de solidarité du sud de la Beauce est de maintenir en activités la clinique. « Une coopérative, c’est un regroupement de personnes ou d’entreprises qui se mettent ensemble pour satisfaire un besoin commun avec des intérêts variés. Dans le cas présent, la population souhaite conserver ses soins de santé, la médecin souhaite conserver son emploi et les municipalités veulent offrir un service à la population », explique Camille Fuchs, conseillère à la Coopérative de développement régional du Québec.
Le but ultime est de réduire le nombre de citoyens orphelins et de bonifier l’offre de services de santé de proximité par une formule attractive pour de nouveaux professionnels en santé. Mme Fuchs assure que les services offerts à la clinique demeureront les mêmes. « Ce qui est beau dans une coopérative, c’est qu’un membre équivaut à un vote. Ce n’est pas parce que tu mets plus d’argent que tu as plus de pouvoir. Tout le monde est sur le même pied d’égalité. Ce sont eux qui décident ce qui sera fait avec l’argent. Tout sera réinvesti, il n’y a personne qui va sortir avec plus d’argent dans ses poches à la fin de l’année. »
Des citoyens et maires engagés
Quelques citoyens signataires ont témoigné des raisons de leur engagement lors d’une table ronde organisée avec le journal. « Dernièrement, j’avais besoin de services et je n’en avais pas beaucoup. C’est important de conserver nos services de proximité. […] Il y a beaucoup trop de clients orphelins et c’est difficile d’attirer de nouveaux médecins en région présentement. […] C’est le genre de projet dans lequel j’embarque toujours. La santé, c’est dans l’intérêt de tous. »
Les maires de Sainte-Aurélie, René Allen, Saint-Prosper, Alain Maheux et de Saint-Zacharie, Camil Cloutier, étaient présents à cette rencontre autant en tant qu’élus que citoyens engagés à la cause. Tous avaient des commentaires allant dans le même sens. « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et attendre que le gouvernement trouve une solution. […] On est une population vieillissante qui a besoin de soins. C’est vital. On ne veut pas que nos citoyens soient obligés de se déplacer plusieurs kilomètres pour recevoir des soins. […] La vision que l’on doit avoir, c’est de se regrouper, attirer des membres et enlever la gestion administrative aux médecins. »
Un besoin de plus en plus criant
Depuis le départ à la retraite de sa sœur Louise Lantagne en juin dernier, Marie-Josée est la seule médecin de famille présente à la Clinique médicale de Saint-Prosper. Elle est accompagnée de trois infirmières praticiennes spécialisées de première ligne, dont deux sont actuellement en congé de maternité. La docteure Lantagne compte présentement 2 185 patients sur sa liste et environ 4 000 résidents de la MRC des Etchemins n’ont pas un médecin de famille. « J’essaie de garder l’équilibre, mais la clinique de Saint-Prosper roule beaucoup. La situation est plutôt difficile présentement. Avec un levier financier, je vais être capable d’aller chercher une infirmière, un pharmacien ou autre professionnel de la santé pour venir m’aider », explique la docteure Lantagne.
Prochaines étapes
Jusqu’à présent, une étude de faisabilité, le plan d’affaires et les prévisions budgétaires ont été réalisés. Les statuts de constitution ont été envoyés au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie au début du mois. Le groupe s’attend à ce que le Ministère donne la constitution officielle d’ici la fin de la semaine. « Ce n’est pas juste un projet dans l’air. Ça va se réaliser. Maintenant, il va y avoir une rencontre d’informations, mais je ne peux pas confirmer de date exacte pour le moment », précise le maire de Sainte-Aurélie.
Les prochaines étapes sont la tenue d’une assemblée générale, la création d’un premier conseil d’administration et la recherche de fonds pour permettre à la coop d’opérer. Établir une date d’ouverture est impossible pour le moment, mais accueillir les premiers patients d’ici le début de l’année 2025 semble être un délai réaliste pour le groupe. « On va espérer pouvoir s’offrir un gros cadeau de Noël, mais il y aura un gros travail de pédagogie à faire d’ici l’ouverture. » Si quatre municipalités sont présentement impliquées dans le projet, d’autres pourraient s’ajouter à ce nombre dans le futur. Celles de Sainte-Rose-de-Watford, Saint-Louis-de-Gonzague et Saint-Philibert sont ressorties lors de la discussion.