Guerre à Gaza: le premier ministre Nétanyahou rencontre Biden et Harris
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est rendu jeudi à la Maison-Blanche pour discuter de la guerre à Gaza — et de la possibilité de parvenir à un accord de cessez-le-feu — avec le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris.
La première visite de M. Nétanyahou à la Maison-Blanche depuis 2020 survient à un moment de pression croissante en Israël et aux États-Unis pour trouver une fin à la guerre de neuf mois qui a fait plus de 39 000 morts à Gaza et quelque 1200 morts en Israël. Des dizaines d’otages israéliens croupissent toujours en captivité au Hamas.
M. Biden a réitéré, lors de leur réunion dans le Bureau ovale, ses appels à Israël et au Hamas pour qu’ils acceptent rapidement un accord de cessez-le-feu qui ramènerait les otages restants chez eux, selon le porte-parole de la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby. Les responsables de la Maison-Blanche rapportent que les négociations sont en phase finale, mais que certains problèmes doivent être résolus.
M. Nétanyahou, dont le plus récent passage à la Maison-Blanche a eu lieu lorsque l’ancien président Donald Trump était au pouvoir, se rendra vendredi en Floride pour rencontrer le candidat républicain à la présidentielle.
La relation entre M. Nétanyahou et M. Biden a connu des hauts et des bas au fil des ans. M. Nétanyahou, lors de ce qui sera probablement sa dernière réunion à la Maison-Blanche avec M. Biden, a évoqué les quelque 40 années où ils se connaissent et a remercié le président pour ses services.
«De fier sioniste juif à fier sioniste irlandais-américain, je tiens à vous remercier pour 50 ans de service public et 50 ans de soutien à l’État d’Israël», a affirmé M. Nétanyahou à M. Biden au début de leur réunion.
Après leurs entretiens, MM. Biden et Nétanyahou ont rencontré les familles des otages américains.
Une proposition soutenue par les États-Unis visant à libérer les otages restants à Gaza en trois phases constituerait un legs important pour Joe Biden, qui a abandonné sa candidature à la réélection pour soutenir Kamala Harris. Cela pourrait également être une aubaine pour Mme Harris dans sa tentative de lui succéder.
Jeudi, Mme Harris devrait rencontrer séparément M. Nétanyahou. Elle devrait également faire pression sur lui pour qu’il conclue un accord pour libérer les otages kidnappés lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.
Pour Mme Harris, la rencontre avec Nétanyahou est l’occasion de démontrer qu’elle a le courage de servir à titre de commandant en chef. Elle est scrutée de près par ceux de la gauche politique qui affirment que M. Biden n’a pas fait assez pour forcer M. Nétanyahou à mettre fin à la guerre et par les républicains qui jugent insuffisant son soutien à Israël.
Pressions et manifestation
M. Nétanyahou traverse sa propre période politique délicate. Il fait face à la pression des familles des otages exigeant un accord de cessez-le-feu pour ramener leurs proches chez eux et des membres d’extrême droite de sa coalition gouvernementale qui exigent qu’il s’oppose à tout accord qui pourrait empêcher les forces israéliennes d’éliminer le Hamas.
M. Nétanyahou, dans un discours enflammé devant une session conjointe du Congrès mercredi, a présenté une défense vigoureuse de la conduite d’Israël pendant la guerre et a fustigé les accusations de crimes de guerre israéliens portées par la Cour pénale internationale. Il a fait valoir qu’Israël, dans sa lutte contre le Hamas soutenu par l’Iran, maintenait effectivement «les Américains en retrait tout en protégeant nos intérêts communs au Moyen-Orient».
Le premier ministre israélien a utilisé son discours pour féliciter M. Biden pour le soutien de son administration au lendemain de l’attaque du 7 octobre, mais il a également souligné les mesures prises par Donald Trump au cours de ses quatre années de mandat qui ont profité à Israël, notamment la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, la lutte contre l’agression iranienne et le déplacement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.
Des manifestants massés près de la Maison-Blanche, jeudi, ont scandé «Arrêtez Nétanyahou» et ont brandi une effigie du premier ministre avec du sang sur les mains et portant une combinaison orange. Un petit nombre de contre-manifestants portaient des drapeaux israéliens autour des épaules.
Mme Harris est indignée jeudi que certains manifestants aient rédigé des graffitis pro-Hamas dans les zones proches du Capitole américain, exprimé leur soutien aux combattants du groupe terroriste et brûlé un drapeau américain à la gare Union.
«Les graffitis et les discours pro-Hamas sont odieux et nous ne devons pas les tolérer dans notre pays, a dénoncé Mme Harris dans un communiqué. Je condamne l’incendie du drapeau américain. Ce drapeau est un symbole de nos idéaux les plus élevés en tant que nation et représente la promesse de l’Amérique. Il ne devrait jamais être profané de cette façon.»
Mme Harris fait état depuis longtemps de son ferme soutien à Israël. Le premier voyage à l’étranger de sa carrière au Sénat, début 2017, a eu lieu en Israël, et l’un de ses premiers actes en fonction a été de présenter une résolution s’opposant à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant Israël.
Elle a toutefois utilisé un discours très médiatisé en mars à Selma, en Alabama, un jour avant de rencontrer Benny Gantz, rival de M. Nétanyahou et alors membre du cabinet de guerre israélien, pour dénoncer les Palestiniens «mourant de faim» face à des conditions «inhumaines» et pour exhorter Israël à faire davantage pour soulager les souffrances des civils à Gaza.