Une bonne saison pour les petits fruits
AGRICULTURE. Les producteurs de petits fruits de la région feront de bonnes affaires, si la tendance des dernières semaines se poursuit. C’est du moins le constat observé à la suite de la saison des fraises, notamment, celle des framboises également et à l’aube de celle des bleuets qui semble hâtive un peu partout.
Déjà à la mi-juin, la saison était lancée, indique Christian Lacroix, conseiller en horticulture au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). « Au début et à la mi-juin, la saison des fraises était déjà commencée. C’était pratiquement terminé au début du mois de juillet. Ça fait trois ans sur quatre que c’est comme ça, alors c’est maintenant une tendance », observe-t-il.
« Quand on parle de fraise, de framboise ou de bleuet, l’initiation florale se fait à l’automne précédent. Il faut que ces petites fleurs passent l’hiver. On espère qu’il ne fasse pas trop froid et qu’il y ait suffisamment de neige pour protéger tout ça ».
M. Lacroix observe que le dernier hiver aura été le plus chaud depuis 10 ans. « Nous avons eu une année hâtive pour la plupart des cultures. Au niveau des températures journalières moyennes, nous avons eu l’hiver le plus chaud depuis 2015. Il n’y a pas eu de températures inférieures à -25 °C et il y a eu de la neige, alors pour les plants, c’était parfait ».
Il rappelle que les sols se sont aussi réchauffés rapidement au printemps, ce qui a eu un effet indéniable sur le début de la saison estivale. « La neige était déjà presque toute partie à la fin de mars. Les plans ont décollé de bonne heure, ce qui nous a causé une certaine frousse au début du mois d’avril, c’était trop vite. On avait peur d’avoir des gels et de perdre des fleurs, mais ce n’est pas arrivé finalement ».
Seul bémol qu’il observe, les nombreux épisodes de pluie lors des congés de la St-Jean-Baptiste et de la Confédération, qui sont venus ralentir les ardeurs des cueilleurs. « Les fruits étaient heureusement là, en quantité et en qualité, même si on aurait aimé moins de pluie. Les averses éloignent souvent les cueilleurs et les fruits mûrissent rapidement dans les champs, sans être cueillis ».
Des bleuets hâtifs ?
En outre, la saison des bleuets sera non seulement hâtive cette année, mais aussi très profitable, selon ce qu’anticipe le conseiller horticole. « Habituellement, j’hésite à faire ce genre de prédiction, mais cette année, je pense qu’on se dirige vers des records de rendement et surtout dans des records d’hâtiveté ».
Malgré quelques épisodes de grêle, il n’observe aucun irritant majeur depuis le début de l’été. Le bleuet a d’ailleurs commencé à fleurir rapidement, à l’image des autres petits fruits cultivables dans la région. « Nous sommes à environ six jours plus tôt que l’an dernier et déjà, l’an dernier, nous étions en avance sur les années précédentes. On dirait que les saisons se décalent. On ne peut plus dire qu’août est le mois du bleuet, ça a débuté en juillet ».
Il comprend que les gens puissent être déroutés à la vue de la situation actuelle. « Avant, l’école finissait puis à la St-Jean-Baptiste débutait l’autocueillette. Or, les fraises étaient en avance, la moitié de la période était passée à bien des endroits. On cueillait les bleuets après les semaines de la construction alors que cette année, plusieurs ont débuté à la mi-juillet. »
Première vice-présidente à l’UPA Chaudière-Appalaches et également productrice de bleuets, Natasha Lagarde prévient les gens qu’ils ne doivent pas s’attendre à une baisse des prix, malgré l’abondance prévisible de la production cette année. Le principe de l’offre et de la demande ne peut s’appliquer automatiquement.
« Il faut enlever ça de l’imaginaire du consommateur. Il ne faut pas que la variabilité soit trop grande. Il nous arrive de connaitre de moins bonnes années. Le coût de la main d’œuvre et les taux d’intérêt augmentent, puis quand il y a une bonne saison, on ne connait pas ce qui nous attend l’année d’ensuite. Comme producteur et productrice, on se doit de se faire un bas de laine pour prévoit les périodes plus difficiles », explique-t-elle.
Selon M. Lacroix, les températures confortables du milieu de juillet auront nécessairement contribué à l’éclosion de nombreuses productions, dont le maïs et le soya. « Tant qu’on ne dépasse pas les 27 degrés Celsius, c’est bon pour les petits fruits. Ce que l’on n’aime pas, ce sont les coups d’eau et les pluies trop abondantes. Quand il fait trop chaud, les fruits mûrissent rapidement et ça raccourci la saison. D’autres productions bénéficient de la chaleur, comme le maïs et le soya qui profitent de grosses chaleurs. Déjà à la mi-juillet, on voyait la croix au sommet des plants de maïs et la soie de l’épi. Ça parait déjà dans les champs », remarque-t-il.
Les bleuetières regroupent 70 producteurs en Chaudière-Appalaches, ce qui en fait la deuxième région en importance chez ce type de production. « Le bleuet est important en Chaudière-Appalaches par rapport à ce que l’on fait en termes de petits fruits. Nous sommes tout juste derrière la Montérégie. Rien ne présageait ça. Possiblement que les premiers en ont inspiré d’autres qui ont suivi », lance-t-il en conclusion.