Une coupe de bois problématique à Saint-Simon-les-Mines

ENVIRONNEMENT. La municipalité de Saint-Simon-des-Mines a dû interrompre temporairement une coupe de bois de régénération réalisée sur l’un de ses lots, une terre à haute valeur écologique, selon une étude réalisée en 2015 par l’organisme Corridor appalachien, sur le rang Chaussegros. La Municipalité a enfreint une loi fédérale destinée à protéger les oiseaux migrateurs et risque de recevoir des amendes.

Dans un communiqué de presse, la Municipalité mentionne avoir été avisée par un fonctionnaire d’Environnement Canada du non-respect de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs. Des mesures rigoureuses doivent être prises pour protéger les nids pendant la période de nidification, à défaut de quoi la Municipalité s’expose à de sévères pénalités. Le contrat signé avec la firme Foresterie Trudel prévoit la récolte de sapins, de épinettes, ainsi que de peupliers faux-trembles arrivés à maturité. Les pins et les érables en bonne santé ne seront pas coupés.

« Sachez que d’abattre des arbres pour abattre des arbres, la Municipalité n’a aucun intérêt à faire cela. La seule raison pourquoi on le fait, c’est pour une raison monétaire [environ 100 000 $]. […] Environnement Canada nous a questionnés et a bien vu que l’on ne connaissait pas le règlement. On n’a pas eu d’amende à propos de cela », se défend le maire André Lapointe, lors de la séance du conseil municipal du 4 juin en ajoutant que la Municipalité ne voulait pas aller à l’encontre des règlements.

Les travaux sont mis sur pause depuis le 27 mai dernier. Ils devraient reprendre vers la fin de l’été. Les milieux humides situés au nord du lot ne seront pas touchés par cette coupe, assure la Municipalité. Cette dernière a demandé à l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB) de réaliser un inventaire et une prescription avant le début des travaux. Cette analyse a permis d’identifier une forte repousse qui profitera de la coupe de régénération. De son côté, l’APBB dit ne pas être impliqué dans l’exécution des travaux forestiers. Elle a seulement donné son accord à la Municipalité pour y réaliser les travaux.

Argent avant environnement ?

Ce déboisement pourrait également poser problème, selon un contrat notarié du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. Ce dernier a cédé gratuitement le terrain à Saint-Simon-les-Mines en 2016. Le contrat prévoit qu’il ne peut être utilisé à d’autres fins que comme parc municipal ou espace vert, ni être vendu sans l’autorisation du Ministère, pendant une période de 30 ans.

La Municipalité estime que les travaux entrepris ne vont pas à l’encontre du contrat avec le gouvernement du Québec et n’exclut aucunement l’idée d’aménager un parc sur ce lot. Au cours des prochaines semaines, le conseil municipal évaluera la possibilité de devancer l’aménagement de sentiers accessibles toute l’année et prendra une décision sur la poursuite des travaux forestiers.

Lors de la séance du conseil, M. Lapointe a mentionné que la municipalité n’est pas fermée à vendre le lot à un organisme de conservation intéressé à l’acquérir, avec l’accord du Ministère. L’organisme Capitale Nature a réitéré son intérêt à acheter le terrain dernièrement. Des démarches sont entamées depuis 2021, confirme le président David Viens.

« De ce que je comprends, il est plus important pour la Municipalité d’avoir des sous via un lot que de protéger la biodiversité. On le sait que les gestes posés, on ne le fait pas pour nous et même pas pour nos enfants. On le fait pour nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants à venir, car quand on regarde tout ce qui se fait au Québec, c’est à se demander si nos générations futures seront fières de nous », a déploré Denis Bolduc, secrétaire-trésorier à l’Association pour la protection des milieux humides de la Cumberland, lors de la séance du 4 juin.

« Je suis 100 % d’accord, mais on fait tous notre effort personnel pour l’environnement. On fait attention aux cours d’eau, aux animaux et aux terres à bois, mais André [Lapointe] l’a bien spécifié, on est propriétaire de ce terrain-là et on a eu une prescription d’un ingénieur forestier. On ne peut pas remettre ça en cause. L’APBB a les qualifications requises. On nous a même conseillé d’effectuer les travaux l’été pour favoriser la régénération. On s’est basé sur des professionnels pour faire cette coupe-là. Oui, on veut protéger, mais il faut avoir un équilibre dans la vie », lui a répondu Jean-Yves Busque, conseiller municipal.

Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a confirmé par courriel à L’Éclaireur Progrès qu’aucun employé ne s’est déplacé à Saint-Simon-les-Mines pour le moment. Toutefois, une inspection de conformité est déjà prévue en juin. Le Ministère examinera la situation afin de vérifier si les actions posées par la municipalité contreviennent à la clause restrictive inscrite à l’acte notarié.