Année productive et mise en marché collective
FORÊT. Les propriétaires de boisés ont sûrement remarqué un ralentissement du marché en début d’année. Pourtant, ce n’est pas 2024 qui est tranquille, c’est 2023 qui a été exceptionnellement profitable. C’est ce qui ressort des assemblées générales annuelles de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB), tenues les mercredis 24 avril et 1er mai au Centre Frameco de Saint-Joseph-de-Beauce, devant près de 230 personnes.
« C’est une très bonne année et on est très content », a résumé Éric Cliche, directeur général de l’APBB. En ce qui concerne le bois à pâte, c’est notamment la stabilité des marchés et les prix avantageux qui ont permis aux producteurs de dégager des revenus intéressants. « C’est un retour au niveau 2010-2011 », a-t-il précisé, en soulignant la production de près de 140 000 tonnes de bois à pâte.
Du côté du bois de sciage, la production a connu une baisse de 9 %, de même qu’une diminution de la valeur au chemin de 22 % en 2023. Toutefois, M, Cliche a tenu à indiquer que 2022 avait ouvert la voie à des prix records. Une diminution était donc prévisible. « Quand le prix est bon dans le bois à pâte, les gens font le choix », a-t-il appuyé. Quant aux états financiers de l’association, ils présentent des revenus de 8 979 780 $ et des dépenses de 8 831 198 $ en 2023, pour un excédent de 148 582 $.
À la fin de la première assemblée, Vincent Miville, directeur de la Fédération des producteurs forestiers du Québec, est venu parler du rôle de l’organisation de stimuler la mise en valeur de la forêt privée. Dans cette optique, il a soulevé que la fédération cherchait actuellement à faire diminuer les taux de taxation foncière des 1108 municipalités du Québec. À cette heure, 42 auraient accepté.
Lors de la deuxième assemblée, Tim Rademacher, professeur associé à l’Institut des sciences de la Forêt tempérée de l’Université du Québec en Outaouais, est venu livrer une conférence sur la résilience des forêts de feuillus, dans le contexte climatique actuel marqué par les sécheresses, et les bons gestes à poser pour être efficace.
Mise en marché collective
En juin dernier, une réflexion avait été entamée par rapport à une mise en marché collective dans le bois de sciage ; un projet qui n’avait pas fait l’unanimité auprès des producteurs. À l’APBB, le président Carol Fortin est d’avis que la mise en marché collective « agit comme une bonne maman » qui veut servir ses enfants équitablement. Il comprend que les personnes qui reçoivent la part du lion voient la chose d’un mauvais œil, mais la mise en place (à venir) d’une Table sur la filière forestière permettra, selon lui, un meilleur partage des parts du marché.
Éric Cliche a pour sa part maintenu qu’une mise en marché collective pour la Beauce uniquement était hors de question. Néanmoins, des démarches entamées dans les régions de Québec et Côte-du-Sud permettront de voir les effets réels du système avant de poursuivre l’initiative en Chaudière-Appalaches.
« Le sujet est toujours à l’agenda. Notre conseil d’administration s’est prononcé de façon très claire sur le sujet et trois de nos voisins sont devant la régie pour obtenir le feu vert. Comme on souhaite davantage une mise en marché régionale, on attend de connaitre les résultats de ces démarches ».
Conscient que l’idée ne plait pas à tous, M. Cliche indique que l’association a récemment sondé ses membres dans le but de connaitre leur opinion. Le sondage sera dévoilé bientôt. « Les producteurs ont signifié sommairement que l’idée d’un projet régional est celle qui les rejoignait le plus. Ça ne fait pas l’unanimité, on le sait. Il y a tout de même une tendance vers un 55 % en faveur, il n’y a jamais un vote clair pour ou contre. Il y a toujours des indécis, mais moins pour un projet régional. »
Rappelons que l’APBB représente quelque 11 000 propriétaires forestiers répartis dans 62 municipalités, ceci à travers sept MRC. L’association est affiliée à la Fédération des producteurs forestiers du Québec.