ITSS: des épidémies silencieuses

SANTÉ. Les cas de chlamydias, une infection transmise sexuellement et par le sang (ITSS), ont augmenté de 35 % en huit ans en Chaudière-Appalaches auprès des 15 à 24 ans, selon les données fournies par le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA).

En 2022, le CISSS a répertorié 484 cas comparativement à 356 en 2014. « Six cas sur 10 sont chez les jeunes de 15-24 ans dans notre région. Cela dit, si on prend l’ensemble des catégories d’âge, la quantité demeure plutôt stable depuis une décennie avec environ 700 pas par année », a observé la médecin spécialiste en santé publique du CISSS-CA, Dre Marie-Ève Beauregard. 

Malgré le fait que l’incidence de cette ITSS soit moins importante dans la région comparativement à d’autres endroits au Québec, Dre Beauregard affirme que les chiffres demeurent une préoccupation chez la clientèle plus jeune.  

Elle a expliqué toutefois que, de façon générale, lorsqu’une personne est traitée rapidement, les conséquences ne sont pas très graves pour quelqu’un qui attrape une chlamydia. Cependant, elle prévient qu’il peut y avoir certains risques, surtout chez la femme. « Une atteinte au niveau pelvien peut mener à une infertilité. Également, cela peut engendrer certaines complications ou infections chez le nouveau-né. C’est pour cette raison qu’il existe un dépistage à chaque grossesse. »

Être aux aguets 

Dre Beauregard a décrit une ITSS comme une épidémie silencieuse, car la personne ne s’en rend pas nécessairement compte et elle peut en transmettre à de multiples individus sans le savoir. « Lorsqu’on parle de chlamydia, il y a des gens qui peuvent être sans symptôme pendant des mois et tout de même être infectieux. » 

Du même élan, la professionnelle de la santé a affirmé que la gonorrhée et la syphilis devraient être moins banalisées. « La préoccupation qu’on voit au niveau mondial, c’est la résistance aux antibiotiques lorsqu’on parle de gonorrhée. Au Québec, nous ne sommes pas en mode critique, mais en mode alerte. »

Pour ce qui est de la syphilis, Dre Beauregard est tourmentée par la syphilis congénitale « Nous n’en avons pas eu en Chaudière-Appalaches dans les dernières années. Cependant, il y en a eu au Québec. C’est une catastrophe de santé publique, car c’est totalement évitable. On peut bien la dépister et la traiter », a-t-elle mentionné, ajoutant qu’un bébé atteint peut avoir des malformations importantes.

En guise de conclusion, Dre Beauregard a constaté que l’approche a beaucoup changé en lien avec la prévention auprès des jeunes à l’égard des ITSS. « Dans les années 90-2000, c’était plus paternaliste. Maintenant, nous voulons que le jeune soit en mesure de prendre des décisions sur sa santé en exprimant ses choix dans une relation avec une partenaire, de s’affirmer, d’échanger et de communiquer. L’approche est plus bienveillante. »

Louis-Antoine Lemire, Collaboration spéciale