Une bombe transformée en pétard mouillé ?
Le 17 octobre 2023 marquait le cinquième anniversaire de la légalisation du cannabis au Canada. La législation initiale avait soulevé des craintes dans une tranche de la population. Celle-ci aura finalement causé plus de peur que de mal.
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Selon l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), la proportion de consommateurs de cannabis, dans notre province, est passée de 14 % à 19 % entre 2018 et 2022. Les augmentations s’observent autant chez les hommes que les femmes de 25 ans et plus. À l’opposé, les gens de 24 ans et moins consomment moins de cannabis qu’avant sa légalisation.
Dans notre région, cette accessibilité facilitée n’aurait eu aucune incidence majeure sur les taux d’hospitalisation en raison d’intoxication. « On note une tendance à l’augmentation dans Beauce-Sartigan, mais la différence n’est pas statistiquement significative », explique Mireille Gaudreau, porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches.
La légalisation a permis au CISSS de travailler en amont sur le plan de la prévention. « Nos programmes visent par exemple à développer la capacité des jeunes à faire des choix éclairés en matière de consommation de substances psychoactives, ainsi que faire connaître et mettre en pratique des alternatives à la consommation », précise Mme Gaudreau.
Effets collatéraux
Maryo Larouche, directeur général de la Croisée des chemins, aide des gens à vaincre leurs dépendances à l’alcool, aux drogues et médicaments. Depuis la législation du cannabis, ses employés et lui ont ajusté certaines approches préventionnistes et thérapeutiques.
« On voit peu de nouveaux utilisateurs à problème, mais plutôt une surconsommation chez les habitués. Les effets collatéraux de cette consommation ont augmenté pendant et après la pandémie. Ce ne sont pas toutes les psychoses qui se ramassent à l’hôpital », rappelle M. Larouche.
De nombreux jeunes s’informent maintenant sur la gestion d’une consommation saine auprès de l’organisme basé à Saint-Georges. Cette clientèle n’était pas ciblée initialement par la Croisée des chemins.
« Certains produits offerts à la SQDC (Société québécoise du cannabis) sont plus forts que le stock du marché noir. L’abus occasionnel peut mener à une dépendance. Nous sommes là pour accompagner les gens à consommer raisonnablement ou arrêter complètement. Ça reste le choix de la personne », dit Maryo Larouche.
D’après l’INSPQ, 42 % des consommateurs ont pris du cannabis moins d’une fois par mois en 2022. Toujours selon l’étude, 19 % en ont consommé de façon occasionnelle (minimum une fois par mois) et 24 % de façon régulière (au moins une fois par semaine). Les consommateurs quotidiens touchent 14 % des répondants.