L’industrie du mariage se relève

ÉCONOMIE. L’industrie du mariage a connu les mêmes vagues provoquées par la pandémie que les autres secteurs d’activités. Les boutiques et les services qui vivent de l’industrie du mariage ont été aussi fragilisés, mais ils se relèvent, petit à petit, toujours habités par cette passion de servir les futurs mariés.

Le magasin Rolland Bolduc de Saint-Honoré-de-Shenley vend des robes de mariée en Beauce, au Lac-Mégantic et à Thetford Mines depuis une quarantaine d’années.

« Ce sont mes parents qui ont commencé à vendre des robes de mariée. La demande devait être forte, car il n’y avait pas d’autres boutiques autour qui en vendaient », lance Mélanie Bolduc, qui a repris le magasin de ses parents. « Les ventes des deux dernières années ont été très fortes (2022 et aussi 2023) et s’il n’y avait pas eu le Covid, les ventes auraient aussi été très bonnes »,  souligne-t-elle.

Mme Bolduc indique que la vente de robes de mariée tourne autour de 25 % de son chiffre d’affaires. On croirait qu’internet soit le plus grand compétiteur du magasin, mais Mme Bolduc rectifie le tir. « Nos compétiteurs, ce sont toutes les boutiques réunies à une distance de 300 km que les femmes sont prêtes à parcourir pour essayer et acheter une robe de mariée », dit-elle.

Renée Brousseau tient la boutique Mode St-Léon, à Saint-Léon de Standon. La vente de ses robes de mariée représente 50 % de son chiffre d’affaires. « L’année 2022 a été des reprises de mariages annulées en 2020 et 2021 et 2023 (saison estivale) a  été une très grosse année, beaucoup plus que les années avant Covid », ajoute-t-elle.

Selon Mme Brousseau, avant la pandémie, 75% des mariages étaient religieux et 25% étaient civils. Aujourd’hui (2023), elle inverse les chiffres, 75% des mariages seraient civils et 25% religieux.

« De ce que les filles me disent, organiser un mariage à l’église est plus compliqué aujourd’hui, car il faut trouver un curé alors que ceux-ci, moins nombreux, se promènent d’une paroisse à l’autre. Il se fait aussi moins de gros mariages, car les couples recherchent des cérémonies plus intimes. Le mariage au civil permet de choisir l’endroit et le célébrant, puisque le mariage n’a pas à se dérouler au palais de justice », indique-t-elle.

Des spécialistes du mariage

Mme Brousseau baigne dans l’univers des mariages depuis plus de 20 ans. Elle gère sa boutique depuis 11 ans et sa mère en a été propriétaire pendant 30 ans. En 2000, elle a lâché son gagne-pain pour travailler avec sa mère à temps plein. 

La sœur de Mme Brousseau, Myriam, est propriétaire de la boutique Renée Fleuriste, à Sainte-Claire, et s’est spécialisée dans les mariages. Si celle-ci n’avait pas retroussé ses manches, elle aurait dû fermer sa boutique à cause de la pandémie. Son chiffre d’affaires dans ce secteur d’activités est de plus de 50 %. « En 2020 et 2021, j’ai eu beaucoup d’annulations. En 2022, les mariages ont repris et je me suis brûlée à vouloir plaire à tout le monde qui reprenait leur mariage, la même journée », dit-elle en riant.

« Dans mon calendrier, les mariages débutent en février et vont jusqu’à la fin octobre. Ils sont mon principal revenu », résume Myriam Brousseau. 

L’évolution des mariages post pandémie

En 2022, 536 mariages ont été célébrés civilement en Chaudière-Appalaches, tandis que pendant la pandémie, en 2020 et 2021, respectivement 214 et 257 cérémonies ont été répertoriées. Dans toute la Beauce, c’est à Saint-Joseph qu’il y a eu le plus de mariages, soit 40, suivi par Saint-Georges qui en a enregistré 22, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Partout sur le territoire québécois, il y a eu près de 23 000 mariages célébrés en 2022 et l’année 2023 semble bien démarrée pour atteindre et peut-être même surpasser ce chiffre.

Durant la pandémie, près d’un mariage sur deux au Québec a été annulé (42 %). L’Institut de la statistique du Québec a répertorié un peu plus de 11 000 mariages en 2020 et près de 15 000 en 2021 comparativement à plus de 22 000 en 2018 et 2019. Bien que la période forte des mariages demeure la saison estivale, de mai à septembre, on dénombre des mariages étalés sur les 12 mois de l’année.

Par exemple, Le Georgesville enregistre en moyenne entre 12 et 15 réceptions de mariage chaque année. En 2020 et 2021, les banquets étaient interdits.  » Ce qui a changé depuis la pandémie, c’est la réservation à la dernière minute. Avant la pandémie, les mariages étaient planifiés à long terme, les gens appelaient un an avant le mariage. Maintenant, je reçois des téléphones en août pour réserver en octobre « , explique Michel Thibeault, directeur de la restauration au Georgesville.

M. Thibeault mentionne que la location d’une salle doit généralement se faire  » clé en main « , c’est-à-dire avec les repas inclus. Les banquets pour les mariages sont étalés de juin à octobre.  » L’enjeu maintenant, c’est de nous assurer que l’on ait le personnel pour rendre la marchandise, car la fin de semaine, c’est plus dur d’avoir du personnel  » relate M. Thibeault.