Des indemnisations bien accueillies, malgré tout
AGRICULTURE. Le président du Syndicat de l’UPA des Appalaches, Bertrand Gagné, accueille favorablement les indemnisations totalisant 1,7 G$ qui seront versées par le fédéral aux secteurs sous gestion de l’offre en raison des répercussions de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
« Nous ne pouvions pas faire autrement que d’accepter ces compensations puisque cet accord nous prive d’environ 4 % du marché. L’ancien président américain Donald Trump y tenait pour aider ses producteurs en difficulté. Ottawa a donc décidé d’en consentir une part aux pays étrangers. Nous nous sommes défendus pendant plusieurs années, mais sans succès. Nous devons nous y soumettre », a mentionné le producteur laitier au Courrier Frontenac.
Le gouvernement fédéral prévoit injecter jusqu’à 1,2 G$ pour les producteurs laitiers en utilisant un programme de paiements directs. Ainsi, de 2024 à 2029, le propriétaire d’une ferme de 80 vaches laitières pourrait recevoir 106 000 $ répartis en six versements annuels dégressifs afin de lui permettre d’avoir une meilleure flexibilité d’investir selon ses besoins. « Ça ne donne pas un gros montant d’argent par ferme. Nous allons le prendre, mais nous aurions souhaité conserver notre marché », a dit M. Gagné.
Le président de l’UPA de Chaudière-Appalaches, James Allen, ajoute que cette concession faite lors de l’ACEUM représente des pertes financières de 1,3 G$ par année.
« C’est de l’ouvrage qu’on est capable de faire, que l’on faisait et qu’on a perdu pour la donner aux Américains. C’est comme un travailleur qui dit à son patron qu’il peut travailler 40 heures, mais que celui-ci lui dit de se contenter de 35 heures et qu’il va donner le reste à un autre pays », illustre-t-il.
Quant aux producteurs de volailles et d’œufs, ils auront droit à un montant supplémentaire proportionnel à leurs quotas pour financer des améliorations à leurs installations. Cette aide chiffrée à 112 M$ porte l’indemnisation totale pour ce secteur d’activité à 803 M$.
L’État prévoit également jusqu’à 105 M$ pour appuyer les investissements dans les usines de transformation du lait, de la volaille et des œufs. De plus, une enveloppe pouvant atteindre 305 M$ est réservée à l’intention des transformateurs laitiers via un nouveau programme d’innovation.
D’après M. Gagné, les conséquences de l’ACEUM sont très importantes. « Dans la province, cela équivaut à la disparition d’environ 250 fermes. C’est majeur. Le Québec et l’Ontario sont les plus impactés puisque nous représentons 34 % du quota national. »
Il espère que le gouvernement fédéral tiendra sa parole de ne plus faire de compromis sur la gestion de l’offre lors des prochaines négociations. « Cela avait déjà été dit dans les années passées, mais jamais respecté. Notre plus grande inquiétude est l’entrée au pays du lait de consommation. Ce serait la fin de tout puisque les transformateurs pourraient s’en approvisionner et notre prix moyen diminuerait. Ça ne serait plus vivable. »