Une personne sur quatre a une langue maternelle autre que l’anglais ou le français
OTTAWA — Un nombre croissant de nouveaux immigrants au Canada entraîne une plus grande diversité des langues, établissant un record pour le nombre de Canadiens dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le français, révèlent les nouvelles données du recensement de 2021.
Une personne sur quatre au Canada a une langue maternelle autre que l’anglais ou le français, et environ 12 % des personnes parlent principalement une langue non officielle à la maison depuis l’an dernier.
Cependant, la maîtrise de ces langues a tendance à s’estomper après une génération ou deux, a souligné mercredi le directeur adjoint du Centre de démographie de Statistique Canada.
«De 2016 à 2021, le nombre de Canadiens qui parlent majoritairement des langues autres que l’anglais et le français à la maison a augmenté de façon significative», a déclaré Éric Caron-Malenfant lors d’un point de presse.
La tendance est principalement tirée par l’immigration et s’est poursuivie même pendant la pandémie lorsque l’immigration a considérablement ralenti en raison des restrictions sanitaires liées à la COVID-19 et des arriérés connexes, a déclaré M. Caron-Malenfant.
L’âge moyen des nouveaux immigrants se situe généralement entre 25 et 35 ans, a-t-il indiqué.
«Après cela, quand vous aurez des enfants au Canada, on parlera souvent de plus en plus l’anglais et le français à la maison», a-t-il relevé.
L’orthophoniste de la Colombie-Britannique June Cheung a remarqué que ce phénomène se produisait dans sa propre famille et sa communauté de langue cantonaise durant son enfance à Edmonton.
«Mes parents sont ceux qui ont initialement immigré ici de Hong Kong alors que mes frères et sœurs et moi, nous sommes tous nés ici», a déclaré Mme Cheung dans une entrevue.
«Mes parents parlaient à mes frères aînés et à moi-même en cantonais, mais souvent nous répondions en anglais.»
Le changement de langue générationnelle a inspiré sa thèse de maîtrise, qui a en outre montré comment la maîtrise de la langue «patrimoniale» s’estompe à chaque génération.
«Au moment où la deuxième génération aura des enfants, il est très peu probable qu’ils choisissent d’utiliser une langue d’origine», a-t-elle déclaré.
Mme Cheung, qui dit qu’elle a réinvesti dans ses compétences en cantonais, affirme que la perte de maîtrise de la langue peut créer des fractures intergénérationnelles.
«Je peux vous demander où se trouve la salle de bain, au lieu de pouvoir parler de vos espoirs et de vos peurs, de vos rêves, a-t-elle déclaré. Il est parfois beaucoup plus difficile d’avoir ces conversations s’il y a cette barrière de la langue.»
Le mandarin et le pendjabi sont les langues non officielles les plus courantes, avec plus d’un million de personnes parlant principalement l’une des deux langues.
Statistique Canada a noté une forte augmentation de la croissance du nombre de Canadiens qui parlent principalement des langues sud-asiatiques comme le pendjabi, le gujarati, l’hindi ou le malayalam depuis le dernier recensement de 2016, une augmentation qui a été alimentée par l’immigration.
Le taux de croissance de la population parlant des langues sud-asiatiques était au moins huit fois supérieur à celui de l’ensemble de la population canadienne au cours de la même période.
L’augmentation massive de la croissance des langues sud-asiatiques s’aligne étroitement sur les tendances de l’immigration en provenance de ces pays.
En même temps, les langues européennes comme l’italien, le polonais et le grec déclinent au Canada.
«Cette baisse est principalement liée au vieillissement des locuteurs de ces langues, dont une proportion importante a émigré au Canada avant 1980», a souligné M. Caron-Malenfant.
Relativement peu d’immigrants de ces pays sont récemment arrivés au Canada, a-t-il déclaré.
Peu importe leur langue maternelle, la plupart des gens au Canada accèdent aux services dans l’une des deux langues officielles.
L’anglais et le français sont encore de loin les langues les plus couramment parlées au Canada et 90 % des Canadiens parlent au moins une des langues officielles.