Un mouvement usé par le temps
La souveraineté du Québec n’intéresse pas la majorité des trentaines, comme moi, et encore moins les plus jeunes. La présente débandade du Parti québécois et du Bloc québécois est une preuve de ce désintérêt.
Le projet souverainiste est surtout associé à la génération des boomers et au premier ministre René Lévesque. Ce dernier souhaitait créer un concept rassembleur et pacifiste avec des gens de toutes les directions politiques.
Les gouvernements majoritaires du Parti québécois en 1976 et 1994 avaient sorti les libéraux du siège conducteur et mené aux deux référendums. Les débats entre souverainistes et fédéralistes suscitaient alors les passions.
Le mouvement indépendantiste a toutefois pris du plomb dans l’aile pendant les neuf années au pouvoir du Parti libéral de 2003 à 2012. Pour preuve, le PQ n’a obtenu qu’un gouvernement minoritaire sous Pauline Marois avant que les libéraux soient élus avec une majorité à peine 18 mois plus tard.
Pendant ce temps, Internet a changé notre façon de vivre. Pour les jeunes nés avec cette technologie, il est normal d’avoir accès à la planète entière. La peur des maudits Anglais, ils ne la comprennent pas.
À travers cette ouverture sur le monde, les X et Y ont compris que des adeptes de l’indépendance voulaient conserver la province dans un dôme. Cette cloche est maintenant fissurée et ne se refermera jamais.
Par ces chefs successifs, le mouvement souverainiste s’est aussi radicalisé à gauche de l’échiquier politique, excluant les gens au centre et à droite, au point de vouloir s’associer avec Québec Solidaire.
J’ai eu la chance de travailler dans les médias pendant deux ans en Ontario et cinq ans au Nouveau-Brunswick. Mon séjour dans ces provinces a basculé ma façon de voir notre pays. Il n’y a pas que les Québécois et les Canadiens anglophones. Chaque province possède ses besoins et particularités.
À une époque de mondialisation, les jeunes ne voient même plus les frontières. Pour moi, le Canada n’est pas une prison. On n’a qu’à voir ce qui se passe ailleurs pour constater notre chance de vivre ici.