Stratégie nationale de production de bois : L’érable et son sirop ont-ils été oubliés ?
Selon les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), la Stratégie nationale de production de bois ne tient pas compte de l’économie du sirop d’érable.
Celle-ci a été présentée le 16 décembre par Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). La stratégie comprend notamment des investissements de 250 M$ par année, jusqu’en 2025, en travaux sylvicoles dans les forêts publiques du Québec.
D’ici décembre 2021, chaque région élaborera sa propre stratégie régionale de production de bois qui contribuera à l’atteinte des cibles nationales. Les PPAQ voient plutôt une stratégie à court terme hypothéquant le futur de nos forêts feuillues.
« Sommes-nous en train de dilapider davantage nos érablières pour fournir en bois de qualité les usines de sciage qui manquent d’approvisionnement ? », se questionne Serge Beaulieu, président des PPAQ.
Selon ce dernier, l’approche sylvicole actuelle délaisse les coupes de jardinage acérico-forestier pour les coupes à diamètre financier. Cette gestion favoriserait la coupe arbitraire des plus gros arbres, au détriment d’une conservation du capital forestier sur le long terme.
« Un érable doit croître 40 ans avant qu’on puisse l’entailler pour récolter sa sève et en faire du sirop d’érable. Cette approche de coupe ne semble pas compatible avec un objectif de production soutenue pour les érablières. Elle s’apparente davantage à une coupe d’écrémage qu’à un traitement sylvicole. Il n’y a pas d’efforts pour conserver le potentiel acéricole ni pour régénérer les arbres à maturité », affirme Serge Beaulieu.
Potentiel à exploiter
Sur le territoire du Syndicat des acériculteurs de la Beauce (Beauce-Sartigan, Robert-Cliche, Les Etchemins), on retrouve plus d’érablières sur les terres privées. Pour Sylvain Roy, président du SAB, le potentiel de développement acéricole est élevé sur les terres de la Couronne.
« Le propriétaire d’une terre privée va entailler ses érables ou les laisser sur place, mais il ne les coupera pas. Il y a des milliers d’érables qui ne sont pas entaillés sur les terres publiques », dit celui-ci.
Dans le secteur de Saint-Théophile, des litiges ont déjà eu lieu entre les producteurs acéricoles et la compagnie Domtar.
« Nos deux industries exploitent la forêt, mais pas de la même façon. En janvier, nous aurons des réunions locales pour discuter de cette stratégie. On doit trouver des solutions afin que tout le monde soit satisfait », indique Sylvain Roy.