Des porcelets québécois transformés aux États-Unis
La COVID-19 a créé d’importants problèmes de logistique dans la chaîne alimentaire porcine. Afin de réduire la pression sur les producteurs et abattoirs, les Éleveurs de porcs du Québec feront transformer plus de 50 000 porcelets aux États-Unis.
Selon René Roy, président des Éleveurs de porcs de la Beauce, cette démarche est nécessaire pour éviter l’abattage inutile de porcs. Présentement, les bêtes s’entassent dans plusieurs porcheries de la province, y compris en Chaudière-Appalaches.
« Normalement, toutes les étapes de la chaîne (élevage, abattage, transformation) se déroulent au Québec. Les différents produits sont vendus ensuite ici, dans les autres provinces et à l’international. Le nombre paraît gros (50 000), mais nous aurions vendu ce porc sur le marché américain de toute façon », précise M. Roy.
Dans la région, beaucoup de producteurs porcins font affaire avec les abattoirs d’Olymel, qui est aussi le plus important transformateur au Québec. Afin d’aider les éleveurs de porcs, l’entreprise a agi comme facilitateur auprès des transformateurs américains.
Déjà aux prises avec un manque de main-d’œuvre, Olymel a traversé deux éclosions de la COVID-19 dans ses installations de Vallée-Jonction (Beauce) et Princeville (Centre-du-Québec).
« On a transféré des abattages dans nos autres usines, mais ça ne règle pas tout. Nous ajouterons deux quarts de travail avant Noël à Princeville et deux autres après Noël. Dans les autres abattoirs, le temps supplémentaire est volontaire. C’est plus difficile de former des équipes, car les employés des différents quarts de travail ne peuvent pas se croiser », dit Richard Vigneault, directeur des communications chez Olymel.
Du porc populaire
Durant la pandémie, la vente de produits porcins n’a pas diminué chez nous et ailleurs au pays. « Les restaurants sont fermés, mais les consommateurs en achètent plus à l’épicerie », indique M. Roy.
Diminuer le cycle de reproduction des porcs, pour éviter une surpopulation dans les porcheries, n’est pas une solution envisageable.
« De la naissance à la transformation, il se passe 11 mois dans la vie du porc. L’impact positif est trop loin dans le futur, alors qu’on ne sait pas ce qui arrivera (avec la COVID-19) », mentionne René Roy.
Pour Olymel, il y a aussi un défi supplémentaire dans la transformation. « Les coupes ne sont pas les mêmes pour les produits en restaurant et en épicerie. L’effet de l’écoulement des porcs (aux États-Unis) sera visible dans nos abattoirs seulement au printemps », conclut Richard Vigneault.